Les techniques routières à base du ciment représentent une alternative compétitive aux techniques à base de bitume. Leur intérêt n'est plus à démontrer : réduction des distances de transport des matériaux mais surtout diminution des coûts de maintenance des réseaux routiers. Est-ce le début de la fin de l'ère du goudron dans la construction des routes ? À en croire les conclusions du dernier séminaire, organisé par la Direction des routes et de la circulation routière (DRCR), la tendance vers des techniques alternatives semble se confirmer. Celles qui sont à bases du ciment figurent au centre de cette dynamique de reconversion. Pour les responsables du département de l'Equipement, ce choix s'explique par le fait que pour certaines régions, où les besoins en infrastructures sont énormes, il n'y a pas de matériaux répondant aux spécifications classiques. Au fait, l'intérêt majeur de cette technique réside dans la réduction, voire l'annulation des distances de transport des matériaux. Conséquence : la réduction des coûts de maintenance sur les réseaux routiers adjacents. C'est dans ce sens que les techniques de retraitement en place ou le traitement des matériaux locaux par des liants hydrauliques, s'avèrent intéressantes du point de vue économique. Historiquement, la tendance pour l'utilisation des techniques routières à base du ciment s'explique par un certain nombre de considérations, notamment, la hausse des prix des matériaux conventionnels et la disponibilité du ciment. Dans la pratique, une convention tripartite entre la Direction des routes et de la circulation routière (DRCR), l'Association marocaine des routes (AMR) et l'Association professionnelle des cimentiers (APC) a été signée en 1998. Objectif : encourager davantage l'introduction de ces techniques. Un programme de construction et de maintenance des routes avec l'utilisation de ciment a été entrepris dès 1999. Jusqu'à 2003, environ 400 km de routes ont été réalisés dans le cadre de ce programme. L'ambition est aujourd'hui d'étendre le concept vers les constructions futures. Selon le ministre de l'Equipement, M. Ghellab le rythme de réalisation des routes dans le monde rural passera de 1000 à 1500 km à l'horizon 2010, et celui des autoroutes passera de 40 à 100 km/an. En tous cas, le département de l'Equipement compte créer cette année une Caisse de financement des routes (CFR) qui permettra de mobiliser de nouvelles ressources financières, garantissant ainsi l'achèvement du Programme national des routes rurales (PNRR1) en 2005 et d'entamer la réalisation du PNRR2. Parallèlement, le département d'Equipement s'emploie à l'élaboration et la mise en oeuvre d'un arsenal de textes réglementaires à ces techniques. De son côté, le président de l'AMR, M. Ben Hamman, a souligné lors de ce séminaire que l'utilisation du ciment dans le domaine routier constitue une option stratégique, vu le manque de matériaux dans certaines régions, notamment dans le Nord, Kalâat Sraghna et Safi. En cause, la pénurie des matériaux au niveau des oueds, en raison de la construction des barrages, et aux conditions draconiennes imposées par la nouvelle loi d'ouverture des carrières, ainsi qu'aux conditions environnementales. M. Hamman a, par ailleurs, souligné la nécessité de réviser le coût "élevé" du ciment et d'inciter les administrations et les entrepreneurs à opter pour cette technique. Chez les cimentiers, on ne cache pas une certaine satisfaction. Ces derniers saluent le travail de fond entrepris, notamment, par la DRCR, en vue de renforcer l'encadrement technique de cette solution à travers la production d'une abondante documentation de référence. Bémol cependant : la visibilité, la reconnaissance et la vulgarisation de la technique restent tributaires de la mise en oeuvre d'un programme physique, consistant et durable. Elle reste également conditionnée par une implication plus forte des entreprises routières pour intégrer cette technique dans les processus de construction routière. Le chantier du ciment routier est désormais ouvert.