L'inconscience a la peau dure. Pour y remédier, rien n'y fait, ou presque. Ni les spots diffusés à longueur de journée, ni le son des haut-parleurs à l'autre bout du passage clouté, et moins encore les mesures préventives, voire dissuasives, prises par les autorités de tutelle pour sauver ce qui peut l'être. L'insouciance suicidaire a eu raison de tout cela et du reste. Les clignotants sont au rouge, encore et toujours. Les chiffres disent l'ampleur du fléau qui fauche des vies humaines, chaque jour que le bon Dieu fait. «Au Maroc, 10 personnes meurent chaque jour dans des accidents de la route», ne cesse-t-on de crier, sous tous les tons. «Chaque année, on dénombre en moyenne 3.600 morts et plus de 15.000 blessés graves et handicapés à vie à cause de l'insécurité routière.», s'est-on habitué à entendre tellement l'hécatombe est devenue banale. Dangereusement banale. Combien d'usagers de la route se rendent compte que la moindre insouciance sur la route peut briser une vie, détruire une carrière, et valoir à un orphelin des larmes qui ne seront peut-être jamais essuyées … On vous fait « l'économie » des dégâts matériels même s'ils se chiffrent à plus de 11 milliards de dirhams annuellement à cause de ces accidents, soit 2,5% du PIB. Rien ne vaut une vie, qui n'a pas de prix. Les rescapés de ce que l'on appelle, – et pas vraiment à tort -, la «guerre des routes», s'en sortent souvent avec des handicaps à vie, physiques mais aussi et surtout psychiques. Il y a des traumatismes difficiles à surmonter, qui ont un effet inhibiteur très dangereux. Pour rester dans la sphère de l'inconscience humaine, laissons de côté les chauffards, et voyons l'état déplorable dans lequel se trouvent certaines routes, à l'intérieur ou à l'extérieur du périmètre urbain. Combien d'accidents sont dus à un trou grand béant en milieu de route, que l'on ne peut éviter sans risquer de se trouver au «beau» milieu d'un ravin, ou contre un trottoir, aux risques et périls de sa vie et de celle d'autrui. L'inconscience, si l'on ose écrire «municipale», y est pour beaucoup. Cela dit, la responsabilité est commune, face à un ennemi tout indiqué : les accidents de la circulation. La victoire sur cet ennemi est possible. Pourvu que l'on sache raison garder, il y va de la vie, la nôtre et celle des autres.