L'insuffisance rénale figure sur la liste des maladies où le jeûne peut constituer un danger. Qu'elle soit aigue ou chronique, cette maladie définie comme étant une altération de la fonction des reins risque d'empirer en cas de jeûne. « Il y a risque d'une aggravation qui peut entraîner l'apparition de plusieurs complications », indique Amal Bourquia, professeur de néphrologie. Selon cette spécialiste, seule l'insuffisance rénale chronique peut permettre le jeûne, mais à condition qu'il y ait une surveillance continue. Car, dès que le niveau de créatine augmente, le jeûne doit absolument être interrompu. Lorsqu'il s'agit d'un malade ayant subi une transplantation rénale, il y a certaines règles à respecter. « Les transplantés ne doivent pas jeûner la première année. Ensuite, tout dépend de leur état de santé et de la présence ou non de complications. Les transplantés sont donc appelés à suivre leur médecin traitant et à se plier à ses prescriptions», souligne le Pr. Bourquia. Le rôle du médecin reste décisif en ce mois précisément puisque c'est lui qui juge si oui ou non le patient peut bénéficier d'un aménagement thérapeutique lui permettant de jeûner. Toutefois, le principe est le même pour toutes les personnes souffrant d'insuffisance rénale : «pendant le mois de Ramadan, il faut respecter une bonne hygiène de vie, un sommeil suffisant, une diététique et surtout pas d'écart de régime», recommande cette néphrologue. Au Maroc, aucune étude n'a été menée sur le plan national pour déterminer la prévalence de l'insuffisance rénale. Mais les spécialistes situent cette prévalence entre 100 et 200 nouveaux cas par an (sur un million d'habitants). Au fil des années, l'augmentation régulière de la maladie a transformé celle-ci en un véritable problème de santé publique. Pour preuve, le Maroc comptait en 1986 près de 370 insuffisants rénaux suivant un traitement par hémodialyse. Ce nombre n'a cessé d'évoluer d'année en année : 690 en 1990, 1500 en 2001 et les estimations pour 2003 dépassent les 3500 cas. Parmi les causes les plus fréquentes de la maladie, d'après le Pr. Bourquia, figurent les uropathies malformatives, l'hypertension artérielle et le diabète auxquels s'ajoutent des maladies héréditaires comme la polykistose rénale. Mais le gros problème, c'est que l'insuffisance rénale ne donne pas des symptômes évidents. Le diagnostic ne se fait donc que tardivement lorsque certaines complications surgissent comme la pression artérielle élevée, la pâleur, l'œdème… Voilà ce qui amène, comme le souligne le Pr. Bourquia dans son livre « Plaidoyer pour la transplantation au Maroc », à la nécessité d'effectuer un diagnostic systématique chez les patients les plus vulnérables, dont les personnes âgées, les hypertendus et les diabétiques. Il semble que ces derniers sont de plus en plus touchés par l'insuffisance rénale. Ils présentent ce qu'on appelle une néphropathie diabétique qui représente, en fait, l'une des complications les plus graves à long terme du diabète. Au Maroc, les centres d'hémodialyse comptent de plus en plus de cas de ce genre.