Une vingtaine de militaires ont été assassinés lundi soir par un groupe islamiste armé dans le Sud-ouest algérien. Une tuerie qui accentue le climat de terreur et de violences dans une Algérie déjà secouée par des émeutes. Lundi, 18 heures locales. Un groupe de militaires rentrent d'une opération de ratissage dans la localité de Oued Safsaf, aux alentours de Moulay Larbi, dans la région montagneuse de Saïda (située à 430 km au Sud-Ouest d'Alger), lorsqu'ils tombent dans une embuscade. 21 d'entre eux sont alors abattus, plusieurs autres blessés – dans certains dans un état jugé très grave. Le Matin précise que « trois ou quatre d'entre eux seulement ont pu s'échapper et sortir vivants de l'embuscade ». Il ajoute que parmi les morts se trouvait un « patriote, (civil armé) Saïdi Messaoud » et que « certaines victimes transférées vers la morgue de l'hôpital Ahmed-Medeghri à Saïda, avaient la gorge tranchée, achevées donc à l'arme blanche ». Plusieurs journaux rapportent également dans leur édition de mercredi qu'un important lot d'armes a été subtilisé par les assaillants, qui ont aussi pris les tenues des militaires. Ce lot comprendrait plusieurs kalachnikov, 21 selon Le Matin, des radios de transmission et des fusils-mitrailleurs. El Watan et L'Authentique ajoutent pour leur part que les assaillants étaient une soixantaine et qu'ils ont utilisé des bombes artisanales pour immobiliser le convoi militaire, avant de le soumettre à des tirs nourris à l'arme automatique. Si personne à l'heure actuelle ne peut affirmer quels sont les auteurs de cette attaque, il est certain que cet attentat - le plus sanglant perpétré par un groupe armé depuis le début de l'année en Algérie – marque le retour en force des actions terroristes. Le quotidien Liberté croit cependant savoir «qu'il s'agit d'une embuscade, minutieusement préparée par le groupe salafiste pour le combat (GSPC), agissant sous les ordres de l'émir Yahia Abou Amar, dit Kaâb el-Bara. ». Il ajoute que les terroristes étaient « en nombre important, estimé à 100 ». Ce secteur de l'Ouest algérien reste toutefois le principal repère du Groupe Islamique Armé (GIA) récemment repris par Rachid Abou Tourab, après la mort d'Antar Zouabri abattu par les forces de l'ordre algériennes en février dernier. Dans un récent communiqué, le nouvel «émir» avait d'ailleurs fait savoir qu'il n'y aurait «ni trêve, ni dialogue, ni réconciliation, ni sécurité, mais le sang, le sang, la destruction, la destruction ». Ce nouveau massacre s'est déroulé alors que le mouvement de contestation continue de remplir les rues de Kabylie, comme c'est le cas depuis le 12 mars dernier. Manifestations, émeutes, affrontements avec les forces de l'ordre constituent désormais le quotidien de la plupart des villes de la région, de Tizi-Ouzou à El-Kseur en passant par Bejaïa ou Toudja. Une situation dramatique qui a d'ailleurs interpellé le chef de la diplomatie française. Hubert Védrine a ainsi déclaré mardi sur la radio parisienne «Beur FM» qu'il «est clair qu'il y a en particulier quelque chose qui ne va pas par rapport aux Kabyles». «L'Algérie sera toujours proche de nous, a-t-il poursuivi, car la communauté algérienne est importante en France et parce que les liens sont plutôt en train de se renforcer entre nos deux pays». «Nous souhaitons à l'Algérie qu'elle trouve en elle-même la force suffisante pour surmonter tous ses problèmes graves qu'elle a eu à affronter depuis des années», a-t-il conclu.