Le keffieh est en vogue. Cet emblème de la résistance palestinienne a dépassé toutes les frontières. Le Maroc n'est pas en reste. Communément appelée «Al koufiah», il a connu en peu de temps une remarquable affluence. Suite aux événements tragiques, qui se sont produits à Gaza durant les dernières semaines, le port du keffieh est devenu de plus en plus ordinaire. «Avant, les keffiehs ne se vendaient que rarement. Après la guerre qui s'est déclenchée récemment, nous avons eu une forte demande», indique Hamid propriétaire d'un commerce d'artisanat. Importés de Palestine, des Emirats ou de Chine, les destinations sont diverses. «Personnellement, je vends les authentiques keffiehs que j'ai réussi à avoir des stands palestiniens lors des foires qui ont été tenues dernièrement à Casablanca. En parallèle, on peut trouver les mêmes articles importés des pays du Golfe et même de Chine, mais ces derniers restent de mauvaise qualité», déclare Hamid. Qu'ils soient en nylon ou en fil de coton, tissés ou en sérigraphie, ces écharpes à damiers sont, actuellement, les rois des étalages. «Nous avons presque tout vendu. Il nous reste une dizaine d'écharpes qui ne tarderont pas à être écoulées. Les gens les achètent en grande quantité», affirme son assistant. Une panoplie de matière et de couleurs, fait d'«Al koufiah» un accessoire indispensable, très désiré,par les différentes tranches d'âge. Un engouement dû sans doute à son prix, qui oscille entre 40 et 100 DH, mais aussi à sa symbolique. La coiffe de la Galilée est désormais un moyen d'expression et de protestation contre les émeutes de Gaza. Son port représente un acte de solidarité incontournable, encouragé par tous les activistes de la société civile. «L'ambassade de Palestine a commercialisé ce foulard pour récolter des fonds au profit de la cause. Au début des évènements, l'achat des keffiehs intéressait les associations qui œuvrent pour le même but. Peu de temps après, nous avons été sollicité par l'ensemble des citoyens au point d'épuiser nos stocks», déclare un employé à l'ambassade palestinienne. Pour sa part, un père de famille, portant dans ses bras son enfant de 4 ans coiffé d'un keffieh, atteste que «en tant que citoyen arabe, je n'ai pas trouvé d'autres moyens pour exprimer ma solidarité avec nos frères à Gaza. J'en ai acheté pour tous les membres de la famille.Nous sommes fiers d'avoir un keffieh. C'est la moindre des choses que nous pouvions faire». Si la majorité des Marocains portent cette écharpe en guise de solidarité, d'autres le considère comme une mode très tendance. C'est le cas de Ihssane qui est éprise par ce châle. «Les keffiehs? J'en ai de toutes les couleurs et de tous les motifs. Si j'achète un aujourd'hui c'est pour compléter ma collection», déclare-t-elle. Quant à sa sœur, elle s'en sert comme voile. Au-delà de toutes les considérations politiques, ces adolescentes ont découvert la mode du keffieh à travers leurs cousins résidant en France. Une mode qui s'est vulgarisée depuis plus d'une année en Europe, grâce à de grands noms de la haute couture qui ont modernisé «Al koufia». Le keffieh original, popularisé par Yasser Arafat, était célèbre par le contraste de deux couleurs à savoir le noir et le blanc. Son ornement représente des fils de fer barbelé qui réfèrent à une période de lutte et de résistance. Au fil du temps «le kefieh» est passé d'une entité révolutionnaire à une entité arabe. Un symbole de révolte qui s'est converti à une devise de bravoure et de dignité.