Betléem. La Nativité célébrée en Palestine dans une infinie tristesse. La ville natale de Jésus isolée et cernée par les chars israéliens. Un Palestinien tué le jour même de Noël. Pour la seconde année consécutive, on a laissé un fauteuil vide pour le Président Yasser Arafat et un arbre de Noël plongé dans le noir dans la Basilique de la Nativité. Les festivités marquant la naissance de Jésus se sont déroulées dans une ville morose, plongée dans le noir et noyée sous la pluie. « Bethléem est une ville noyée de chagrin. C'est la première fois dans l'histoire de cette agglomération que l'arbre de Noël n'est pas illuminé en guise de protestation contre l'occupation israélienne », a résumé son maire, Hanna Nasser. En guise de symbole, un traditionnel Keffieh palestinien, à damiers noir et blanc, avait été posé sur le fauteuil inoccupé réservé au Président Yasser Arafat au premier rang de l'église Sainte-Catherine, qui jouxte la basilique de la Nativité. Sur la chaise, on a placé un carton encadré d'un liseron aux couleurs palestiniennes où l'on pouvait lire : «Son Excellence Yasser Arafat, Président de l'Etat de Palestine» La messe de minuit a été célébrée par Mgr Michel Sabbah, patriarche de Jérusalem, le plus haut représentant du Vatican en Palestine. Il a déclaré à l'adresse des Israéliens : «Le sang a coulé dans vos villes et dans vos rues, mais la clé de la solution de ce conflit réside entre vos mains. Par vos actes jusqu'ici, vous avez piétiné le Peuple palestinien sans être parvenu à obtenir la paix». S'adressant directement à la chaise laissée libre pour Yasser Arafat, Mgr Sabbah a déclaré : «Nous souhaitons votre présence parmi nous ce soir et nous invitons Dieu à vous donner la sagesse et le pouvoir nécessaires pour poursuivre votre mission en faveur de la paix et de la justice ». Il a également dit : «Nous exigeons notre liberté et notre dignité. Le Peuple palestinien veut dire aux Israéliens qu'il forme des vœux pour sa paix, sa sécurité et son bien-être. Avec semblable paix, le Peuple palestinien veut la liberté et la fin de l'occupation ». Durant la messe de minuit, l'armée israélienne a effectué des patrouilles et imposé le couvre-feu. « Ils m'empêchent maintenant d'être avec mes frères dans l'église de la Nativité», a déclaré le Président Arafat. « Malgré tout, j'adresse de tout mon cœur, joyeux Noël, joyeux Noël, et j'espère vous revoir à Jérusalem ainsi qu'à Bethléem ». Malgré le caractère sacré d'une telle célébration, un Palestinien a été assassiné par l'armée israélienne et dix-sept autres arrêtés, le jour de Noël, en Cisjordanie. Sur le front politique intérieur israélien, une vive polémique oppose le Likoud aux Travaillistes. Mitzna a accusé Sharon d'avoir déclenché l'hystérie parmi les Israéliens à propos de l'Irak, afin de détourner l'attention sur les affaires de corruption qui minent le Likoud. « Ariel Sharon a provoqué la panique et l'hystérie à propos des dangers en provenance d'Irak pour détourner l'attention de l'opinion publique de problèmes beaucoup plus graves », a affirmé Mitzna. Il faisait allusion notamment à l'enquête de la police israélienne sur le scandale de l'achat de voix lors des élections des candidats à la députation du Likoud du 8 décembre. « Les risques d'une attaque de missiles irakiens sont faibles selon nos responsables militaires et il faut effectuer les préparatifs nécessaires dans le calme sans tomber dans l'hystérie », a ajouté Mitzna. Il a dénoncé également la visite effectuée par Sharon pour la première fois depuis qu'il est Premier ministre au Quartier général de la défense passive chargée de la protection des Israéliens en temps de guerre.