Plusieurs manifestations ont été organisées dans les grandes villes du royaume en soutien aux Gazaouis. A Casablanca, c'est un dimanche de protestation et d'indignation qui a réuni entre vingt milles et trente milles personnes. A Rabat, ils étaient 200 000 selon les organisateurs, 10 000 selon des agences de presse, à avoir participé à la marche nationale de soutien à la Palestine. Le Chef du gouvernement et plusieurs leaders politiques ont tenu à participer à la marche organisée à Rabat. « Tous unis pour la Palestine ». Que ce soit à Rabat, à Marrakech ou à Casablanca, le slogan a bien pris forme lors de la journée de manifestation organisée ce dimanche dans plusieurs grandes villes du royaume. Sur le terrain, à Casablanca, plus de couleurs politiques, plus d'affiliation à défendre, le but est de faire du bruit, de se faire entendre, de crier à la honte et de s'indigner une fois pour toute contre « le laxisme de la Oumma et de ses dirigeants ». « On est ici pour dire que la Palestine n'est pas seule, peu importe ce que font les gouvernements du monde arabe, peu importe ce qu'ils disent, assez de morts et d'hypocrisie. Nous ne sommes pas de la chair à canon prête à servir n'importe où, n'importe quand», s'indigne une quinquagénaire, arborant avec fierté les drapeaux marocains et palestiniens, avec le portrait de Yasser Arafat collé sur son front et un autocollant « Nous sommes tous palestiniens » sur le cœur. Indignation populaire à Casablanca Elles étaient massivement présentes et ont pris position dans les lignes du long cortège qui s'est formé à la Place de la Victoire s'étendant sur plus d'un kilomètre avec une queue de peloton à la Place Mohammed V. Ain Chock, Inara, Sidi Maarouf, Sidi Othmane, Nouaceur, Bouskoura… Des associations venues des quatre coins de Casablanca et des quatre coins du Maroc. On notera aussi la présence d'associations venant de Khouribga, Béni Mellal, Chtouka Aït Baha, Agadir, Laayoune, Tan Tan, Guelmim, Marrakech et d'autres villes et provinces du sud. « Le conflit dure depuis longtemps et j'ai beau me lasser de toute cette mascarade universelle autour de la Palestine et de la cause de la Nation, j'y suis finalement revenu, parce qu'objectivement c'est injuste », Mohamed, 35 ans, Ain Chock. « J'ai vu et entendu les gens qui disent que ce qui arrive aux Palestiniens est normal. Parce qu'ils sont terroristes. Aujourd'hui, je suis là pour crier que c'est faux. Les vrais terroristes sont en Israël et ailleurs. En plus, ils sont soutenus par le monde entier. Moi, je soutiens et je continuerai à soutenir la Palestine, quitte à ce qu'on me déclare ennemi numéro un », lance un autre participant. « Je viens de Chtouka Aït Baha, hier on nous a dit qu'il y avait une marche pour la Palestine. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé dernièrement, mais je sais que là bas, l'injustice règne et que tout le monde ferme les yeux. Alors j'ai accepté de venir et j'ai même ramener ma famille », Lahcen, 63 ans. « Ce qui se passe aujourd'hui montre que le peuple marocain est un grand peuple militant qui défend les grandes causes. L'important pour nous est d'exprimer nos opinions de manière civilisée et pragmatique. Hier encore, en Espagne, en France et dans plusieurs pays étrangers les positions du peuple étaient claires. Chrétiens, juifs et musulmans ont tous la même opinion sur la cause palestinienne et c'est beau de voir que cette cause est partagée par tous. On espère que cette marche trouvera écho aux oreilles de ceux qui dirigent ce monde, qu'ils soient américains, sionistes ou autres; le message doit leur parvenir. Ainsi, ils sauront qu'il y a un peuple qui dit non à ces agissements ignobles», Abdallah Ait Baha, président de l'association des amis des palmiers, Marrakech. Mobilisation générale Il est vrai que les premières lignes de la marche de Casablanca étaient occupées par quelques représentants de différents courants politiques et syndicaux. L'occasion pour les extrêmes de se joindre et de parler d'une seule et même voix. « La marche de Casablanca porte avec elle quatre messages : solidarité, célébration, indignation et unité. C'est notre cause à tous peu importe notre affiliation et nous célébrons la victoire de la résistance palestinienne qui à réussi à répondre à l'agression sioniste l'obligeant à cesser le combat », nous dit Omar Amkassou, secrétaire général Adjoint d'Al Adl Walihsane avant de poursuivre : « Les derniers jours ont prouvé que les tentatives de négociations ou bien même l'abdication ne marchent pas avec l'occupant sioniste. Nous appelons la résistance palestinienne à unir ses forces derrière un seul et unique objectif, à savoir la libération de la Palestine. Aussi, nous nous indignons contre les positions velléitaires des gouvernements arabes et musulmans qui ont tourné le dos à la cause palestinienne et ont choisi de se placer du côté des ennemis de toute une Nation, en restant impassibles devant l'injustice et l'agression. En même temps, la normalisation avec les agresseurs se poursuit surtout au Maroc et cela nous paraît assez étrange de voir des personnes qui militent pour cette normalisation s'indigner contre ce qui se passe en Palestine ». Pour Mustapha Brahma, secrétaire général d'Annahj « c'est une marche à laquelle participent toutes les composantes de la gauche marocaine en présence de toutes les forces démocratiques, vivantes, syndicales, ainsi que la société civile pour marquer dans l'histoire notre soutien indéfectible à nos frères à Gaza et en Palestine ». « C'est un message aux peuples du monde arabe, après les soulèvements populaires qu'on a connus ces derniers temps, aujourd'hui la parole est à eux. Il faut qu'ils sachent qu'ils ont le pouvoir de changer la donne comme ce qui se passe actuellement à Gaza avec la trêve annoncée dernièrement. L'autre message est à tous les Hommes libres du monde pour qu'ils ne se cachent plus et sortent défendre la paix jusqu'à la liberté », clame-t-il. Rabat, la Palestinienne Dimanche 25 novembre, Rabat. Abdelilah Benkirane et son équipe gouvernementale n'ont pas raté le rendez-vous. Réussie, la marche nationale de soutien à la Palestine organisée dans la capitale l'a été. Toutes les divergences politiques et les tensions syndicales ou les appartenances sociales se sont évanouies dans la marée humaine qui a envahi le cœur de Rabat, dimanche 25 novembre. De Bab El Had à l'avenue Mohammed V, un cri retentit des entrailles de la gigantesque manifestation : « Tous pour la Palestine ». Pour les initiateurs, l'Association marocaine de soutien à la lutte du peuple palestinien et le Groupe d'action pour le soutien de l'Irak et de la Palestine, cette marche a réuni pas moins de 200 000 participants venus des quatre coins du Maroc. Femmes, hommes, enfants, un keffieh autour du cou, brandissent les drapeaux palestiniens et marocains, et scandent des slogans dénonçant les crimes israéliens contre les habitants de la bande de Gaza et appelant à une paix durable. «Cette une marche pacifique dont le but est d'exprimer la solidarité des Marocains avec le peuple frère de la Palestine. Le Maroc est connu pour être unanime sur cette question sur le plan national », déclare au Soir échos, le vice-président de l'Association marocaine de soutien au peuple palestinien, Abdelhafid Oualalou, également vice-président de l'Institut marocain des relations internationales. Des célébrités étaient aussi présentes dimanche. Participant à la marche de Casablanca, le célèbre acteur Abdelkader Motaa, ému par l'ambiance de la place Mohammed V, voulait également lancer son message : « J'ai entendu dernièrement quelque chose d'assez étrange venant de Netanyahou qui a dit que tous ceux qui meurent à Gaza le méritent. Je voudrais lui adresser cette question : est-ce que les bébés méritent de mourir ? Les enfants en bas âge qui n'ont pas encore ouvert les yeux, méritent-ils de mourir comme ça ? J'espère sincèrement que quelqu'un lui pose cette question en face pour voir s'il a le cran d'y répondre». (Ghassan Sabwat & Leïla Hallaoui)