Le Proche-Orient continue à s'embraser. Sharon est décidé plus que jamais à exterminer l'Autorité palestinienne. Yasser Arafat oppose une résistance héroïque au nom de la dignité du peuple palestinien. Partout dans le monde des marques d'indignation sont exprimées. L'Amérique, quant à elle, continue à se compromettre honteusement avec le sanguinaire Sharon. «Nous avons reçu ordre du gouvernement de neutraliser Yasser Arafat sans nous en prendre physiquement à lui», a affirmé dimanche le porte-parole de l'armée israélienne, le général Ron Kkitrey à la radio publique. Si le général n'a pas voulu se «livrer à des exercices sémantiques» pour expliquer sa mission, il a précisé être «conscient du fait que Yasser Arafat pourrait être touché accidentellement» ajoutant que «celui qui joue avec le feu peut se brûler». Les faits sur le terrain démontrent en tout cas que l'isolement du président palestinien n'est pas le seul but recherché par le gouvernement Sharon. Dimanche matin, des combats ont à nouveau éclaté entre les forces de Tsahal et les gardes du corps de Yasser Arafat, dans son quartier général. Quelques heures plus tard, deux explosions se sont également produites dans les bâtiments où est encerclé le président palestinien depuis vendredi matin. Selon les responsables de l'Autorité, l'armée israélienne aurait même pris d'assaut le bâtiment de M. Arafat rejoint par plusieurs dizaines de pacifistes occidentaux qui ont décidé de rester à ses côtés. «Il n'y a aucun soldat dans le bâtiment où se trouve le bureau personnel de Yasser Arafat», a pourtant déclaré le porte-parole de Tsahal, expliquant que ses forces avaient répliqué à des tirs palestiniens. Dimanche, depuis Ramallah, le ministre palestinien de l'information Yasser Abed Rabbo confirmait cependant, sur la chaîne Al-Jazeera, que des militaires israéliens avait bel et bien envahi le bâtiment du président palestinien. A la mi-journée, trois chars étaient encore en position sur l'esplanade, l'un d'eux pointant son canon vers le bureau personnel de M. Arafat. Menace imminente qui faisait dire au négociateur en chef palestinien Saëb Erakat que « les Israéliens ont la ferme intention de tuer Arafat et ils se préparent pour le faire », ajoutant ne pas croire aux assurances américaines sur l'intégrité physique du président palestinien. Dans toute la ville de Ramallah, des tirs sporadiques israéliens de mitrailleuses lourdes et d'armes automatiques se poursuivaient par ailleurs dimanche alors que les corps de quatre Palestiniens tués par balles étaient retrouvés dans un bâtiment. La veille, cinq policiers palestiniens tués d'une balle dans la tête, avaient également été découverts dans un autre immeuble. Ils pourraient avoir été sommairement exécutés par des soldats israéliens, comme l'indique le quotidien américain Washington Post. Dimanche, un responsable du Croissant-rouge palestinien accusait aussi l'armée israélienne d'empêcher l'évacuation des blessés à Ramallah. «Nous avions reçu plus de vingt appels de Ramallah-sud faisant état de tués et de blessés dans les rues sans pouvoir les évacuer», a déclaré Wael Kaadane. « A chaque fois, nos ambulances ont été bloquées par les soldats qui ont menacé nos équipes avec des armes en dépit de la coordination qui existe entre nous et l'armée israélienne », a-t-il ajouté. Un hélicoptère de combat israélien avait par ailleurs tiré, dans la soirée de samedi, une roquette sur un bâtiment proche des bureaux du président palestinien, tandis que le ministre israélien de la Défense Binyamin Ben Eliezer réaffirmait que l'opération israélienne «n'aurait pas de limites géographiques». Ce même jour, Tsahal avait mené plusieurs rafles à Ramallah et arrêté 145 Palestiniens soupçonnés « d'activités terroristes » depuis vendredi. Elle a aussi mené durant ces deux jours des incursions à Hébron, dans la bande de Ghaza et à Saïda, près de Naplouse. L'armée occupait même dimanche le village de Kobar, d'où est originaire le chef du mouvement Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouti, et a arrêté 60 jeunes Palestiniens. Elle a également assiégé samedi le quartier général du chef de la sécurité préventive en Cisjordanie, le colonel Rajoub. Les mouvements islamistes ont quant à eux perpétré trois attentats suicide. Le premier, samedi soir, dans un café de Tel-Aviv, a fait un mort – le kamikaze - et 29 blessés. Il a été revendiqué par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. Le second a eu lieu dimanche matin, à Haïfa, dans le Nord d'Israël. Il a fait au moins 14 morts et une trentaine de blessés, dont cinq dans un état grave, et a été revendiqué par les brigades Ezzedine Al-Qassam (Hamas). Le troisième enfin, dans un centre de la Croix-Rouge d'une colonie juive de Cisjordanie, a fait deux blessés.