En déclarant, dimanche, représenter «un peuple de géants qui ne cèdera pas» et en excluant de livrer les Palestiniens réfugiés dans son QG, Yasser Arafat entend résister à la nouvelle agression de l'Etat hébreu. Le président de l'Autorité palestinienne, isolé depuis jeudi soir dans son quartier général de Ramallah, en Cisjordanie - comme cela avait été le cas en décembre et en avril-, a fait savoir dimanche par le biais de l'ex-président du Conseil législatif, Khaled al-Fahoum, que «le peuple palestinien ne cèderait pas». Pourtant hostile à l'actuelle direction, le chef du Front du salut national palestinien (FSNP, coalition de cinq petits mouvements basée à Damas) a d'ailleurs dans le même temps assuré le président de sa solidarité face à cette nouvelle occupation de l'armée israélienne. «Arafat est déterminé à poursuivre le combat jusqu'à la réalisation des droits palestiniens et l'édification d'un Etat» indépendant, a affirmé M. Fahoum, ajoutant que «ce qui est important, c'est que le peuple palestinien se tienne aux côtés d'Arafat face à l'attaque criminelle d'Ariel Sharon». Cette solidarité a d'ailleurs pris un nouvel élan général au sein de la population palestinienne qui, malgré de récents signes de protestation, reste déterminée à épauler son leader. Ce dimanche, lors de nouvelles manifestations de soutien en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, quatre Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne dont un journaliste de la Voix de la Palestine, à Ramallah. Depuis samedi, les marches se sont poursuivies pour protester contre le siège et la destruction du QG de l'Autorité. A Jéricho, environ 400 personnes ont également défilé en réclamant la libération de six hommes détenus dans la ville, sous la houlette des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne depuis mai dernier. Dans les bâtiments en ruines de la Moukataa, les 20 Palestiniens recherchés par l'Etat hébreu restaient quant à eux ce dimanche retranchés malgré les pressions exercées par l'armée. «Les Palestiniens ne peuvent pas livrer les gens à l'intérieur» du quartier général, a déclaré le ministre du travail, Ghassan al-Khatib. «Après discussions et consultations avec la direction palestinienne, y compris les personnes à l'intérieur du complexe, cela n'est pas sujet à discussions», a-t-il dit, ajoutant que «la direction ne traitera jamais de cette question. (…) Cela équivaudrait à un suicide politique». «Sharon peut maintenir le siège aussi longtemps qu'il le veut», a lancé le ministre qui, comme tous les membres du cabinet, a démissionné le 11 septembre. Il a enfin assuré qu'aucune liste comprenant les noms de ces hommes n'avait été remise par Israël. Dimanche, l'armée a par ailleurs été accusée d'avoir coupé l'eau, l'électricité et le téléphone dans les bureaux de la Moukataa, espérant ainsi forcer le président, son entourage et tous ceux qui y sont réfugiés à sortir. Si l'armée a démenti une telle mesure, la volonté d'en finir avec Yasser Arafat reste plus que manifeste chez le gouvernement israélien qui, en «invitant» le président à s'exiler, souhaite se débarrasser d'un leader qui sait encore motiver son peuple. Evidence qui n'a pas empêché Ariel Sharon d'affirmer dans les colonnes de Maariv que, selon lui, «Yasser Arafat est fini depuis longtemps». «Israël n'a pas l'intention de lui porter atteinte. De notre point de vue, il peut rester très longtemps là où il se trouve, mais notre devoir est d'empêcher qu'il continue d'encourager le terrorisme et nous nous y employons», a ajouté le Premier ministre dans les colonnes du quotidien paru dimanche. «S'il décide de sortir, on l'aidera. On lui donnera un aller simple, dans la dignité », a même lancé le vice-ministre de la Défense, Weizman Shiri, sur les ondes de la radio militaire le même jour, tandis que des négociations entre le président du CLP, Ahmed Qoreï, et le chef de la diplomatie israélienne, Shimon Pérès entendaient trouver une issue au siège de Ramallah. «Nous sommes prêts à la paix mais pas à la capitulation, et nous n'abandonnerons ni Jérusalem ni un seul pouce de notre territoire qui nous sont garantis par le droit international», a déjà prévenu Yasser Arafat, tandis que le monde, «inquiet», reste encore une fois immobile.