Ramallah, Beit Lahm et maintenant Naplouse. L'agression israélienne a provoqué l'envoi jeudi d'une mission diplomatique européenne tandis que le blocus imposé par Sharon à Yasser Arafat et son peuple s'accentue. Qualifiée jeudi de « sale guerre » par le ministre russe de la défense, Sergueï Ivanov, au moment où Moscou rappelle son émissaire du Proche-Orient « pour consultations », l'offensive militaire israélienne est passée à la vitesse supérieure mercredi soir en pénétrant dans Naplouse. Plus de 100 chars ont alors envahi la plus grande ville palestinienne de Cisjordanie. « Les Israéliens ont pénétré à Naplouse de toutes les directions avec un nombre incalculable de véhicules militaires », a déclaré le chef des services de renseignements de la ville, Talal Diwikat. L'opération a d'ailleurs détourné l'attention de Beit Lahm, toujours assiégée depuis mardi, et où 200 Palestiniens restent retranchés dans la Basilique de la Nativité. Des soldats israéliens auraient même démoli une porte de l'église et engagé des combats avec les réfugiés selon plusieurs témoins. A Naplouse, M. Diwikat, a affirmé que les blindés israéliens avaient été accueillis par des tirs d'armes lourdes. De violents combats se sont poursuivi à mesure que les chars détruisaient à coups d'obus les bâtiments, et se dirigeaient vers des camps de réfugiés de Balata et d'Askar. Depuis l'occupation de Ramallah vendredi dernier, Tsahal a aussi pris le contrôle de Tulkarem, Kalkiliya, Jénine et a arrêté plus d'un millier de Palestiniens, selon son propre bilan. L'armée continue aussi d'assiéger Yasser Arafat, qui « restera isolé » comme confirmé par une nouvelle décision du cabinet Sharon. Ce dernier a assuré jeudi que Yasser Arafat « restera où il est ». Tandis que l'opération baptisée « rempart » continue, les Quinze, réunis mercredi soir à Luxembourg, ont finalement décidés d'envoyer deux émissaires, le ministre espagnol des affaires étrangères Josep Piqué - dont le pays préside l'UE -, et le haut représentant de l'Europe pour la politique extérieure, Javier Solana. Arrivés jeudi après-midi en Israël, ils devaient rencontrer à Tel-Aviv le chef de la diplomatie Shimon Peres puis celui de la défense Binyamin Ben Eliezer. Un porte-parole espagnol a expliqué que la délégation n'avait « pas d'agenda précis » : « il s'agit pour eux de rencontrer le plus de monde possible, médiateurs inclus comme l'émissaire spécial américain Anthony Zinni ». Sauf que l'Etat hébreu a d'ores et déjà fait savoir qu'il « empêcherait » les diplomates européens de rencontrer Yasser Arafat et a récemment refusé un entretien entre M. Zinni et le président assiégé. Réagissant à cette nouvelle décision, le négociateur palestinien Saëb Erakat a assuré qu'aucun responsable palestinien ne rencontrerait la délégation européenne si celle-ci ne pouvait voir M. Arafat. Au moment où Washington envisage l'envoi – la semaine prochaine - de son diplomate en chef Colin Powell, le Vatican, indigné par les combats à Beit Lahm, a pour sa part redoublé ses efforts diplomatiques, condamnant d'une même voix le terrorisme et le sort réservé aux Palestiniens. Face aux exactions et agressions multiples de l'armée israélienne, l'Autorité palestinienne a une nouvelle fois appelé les Palestiniens à la mobilisation. Dans un communiqué diffusé par l'agence officielle Wafa jeudi, elle a aussi accusé les Etats-Unis de soutenir l'« agression criminelle ». «La direction palestinienne exhorte notre peuple à serrer les rangs dans une lutte de longue haleine contre cette occupation et à mobiliser toutes ses ressources (...) pour faire face à cette guerre injuste et criminelle », déclare l'Autorité.