Moins d'une demi-heure après l'avoir annoncé, la «CNN du monde arabe» a annulé mardi son projet d'entretien avec le premier ministre israélien, officiellement pour «des raisons techniques». «Nous nous excusons d'annoncer l'annulation de l'entretien» avec Ariel Sharon, a indiqué ce mardi le présentateur d'Al-Jazeera, Mohammad Krichène, 25 minutes après en avoir annoncé la réalisation. «Les responsables israéliens ont voulu imposer des conditions techniques (...) que notre direction a refusées» a-t-il expliqué. Selon la télévision satellitaire, M. Sharon a refusé d'être interviewé en direct de Doha, où siège la chaîne, et exigé que l'entretien soit mené en Israël, par un correspondant local de la chaîne. «Pourtant, c'est Ariel Sharon qui a demandé il y a deux jours (dimanche) à être interviewé, faisant valoir qu'il avait un message à faire passer» à la veille du Sommet de Beyrouth, à travers cette chaîne largement diffusée dans les pays arabes, a renchéri M. Krichène. Si cette remarque n'est pas contestée par Israël, la cause de l'annulation de l'entretien diffère nettement de celle donnée par la chaîne. Le quotidien Jerusalem Post cite en effet dans son édition de mercredi le porte-parole d'Ariel Sharon. Celui-ci affirme qu'un accord avait été passé entre Al-Jazeera et le premier ministre pour que l'entretien se déroule dans le bureau de ce dernier, avec le correspondant local de la chaîne, Walid al-Amri. Son annonce avait en tout cas provoqué colère et indignation dans le monde arabe. Ce qui pourrait être la vraie cause de son annulation. Le ministre palestinien de l'Information, Yasser Abed Rabbo, avait ainsi envoyé une lettre à Al-Jazeera. Un courrier dans lequel il réclamait l'annulation de l'interview, expliquant, selon le Jerusalem Post, qu'«interviewer Sharon n'est pas justifié pour une chaîne satellitaire arabe de cette importance, vu les circonstances, au regard des crimes et de l'escalade qu'il a entraîné contre le peuple palestinien». Des journalistes d'Al-Jazeera ont aussi avoué que de nombreux téléspectateurs avaient protesté auprès de la chaîne. Mardi, des journalistes arabes se sont également élevé contre ce projet d'interview. 148 d'entre eux ont remis une pétition au local d'Al-Jazeera du centre de presse du sommet de Beyrouth. Ils y dénonçaient le projet d'entretien du « criminel sioniste Ariel Sharon, tueur de femmes, enfants et vieillards arabes».