Transport, photocopie, habillements, café, cigarettes… Les besoins des étudiants sont, pour leur majorité, un poids financier lourd à supporter. Nombreux sont les étudiants et lycéens qui intègrent tôt la vie professionnelle pour financer leurs études. L'idéal pour eux est de parvenir à combiner entre un emploi du temps serré et un boulot de plus en plus difficile au fil des jours. Les offres sur le marché sont quasiment identiques : travail à mi-temps dans un centre d'appels, restauration ou représentants commerciaux. Chakib, 25 ans, aujourd'hui cadre dans une banque, a traversé cette aventure qu'il qualifie de «jours pénibles». Il travaillait comme télé-opérateur dans un centre d'appels de renom dans la capitale économique. «L'argent de poche que me donnaient mes parents suffisait pour l'abonnement mensuel du transport, rien d'autres », affirme-t-il. «J'avais besoin de plus d'argent pour payer mon abonnement téléphonique, m'offrir quelques sorties au café, au cinéma…Du fait que je suis capable et majeur, j'estimais que je devais travailler», dit-il. Côté horaire, Chakib travaillait à mi-temps, dimanche à partir du 6h du matin jusqu'à 17h, avec une heure de pause pour un salaire mensuel de 1000 DH. La boîte offrait cette opportunité aux étudiants occupés à plein temps durant les autres jours de la semaine. Les étudiants qui bénéficient d'un emploi du temps moins chargé sont, toutefois, permis de rejoindre l'équipe en shift. Par conséquent, les étudiants travaillent de 13 h jusqu'à 16 h, trois fois par semaine et de 6 h du matin jusqu'à 17 h. La rémunération est 16 DH l'heure. La boîte internationale, étant en pleine expansion, proposait aussi aux étudiant, des shifts de nuit. Plusieurs d'entre eux y recouraient, spécialement durant les préparations pour les examens. Les shifts de nuit débutent à partir de 19h et se terminent à 7h. Le salaire est doublé. Quant à la nature du contrat, il s'agit d'un contrat à durée indéterminée. Ces règles ne sont généralement pas respectées. Chakib a dû quitter cet emploi sans respect de préavis. Il ne regrette pas son aventure au sein d'un centre d'appels. Cela, d'après ses dires, lui a permis de se sentir « homme ». Youssef, lui, goûte à cette expérience. Serveur dans un restaurant multinational, voici seulement deux mois, il y passe la totalité de son temps libre. L'indépendance financière commence à lui faire aimer son travail, vu que la retraite de son père, décédé il y a quatre ans, ne suffit pas la totalité des charges de la famille. Youssef, étudiant en informatique dans un établissement privé, dont les frais s'élèvent à 35.000 DH, par an, affirme se sentir plus utile qu'auparavant. «J'entame le boulot chaque jour vers 8h et je termine à 18h. Je perçois un salaire de 2500 DH, bien entendu, cela n'inclut pas le pourboire. Pour ne pas rater mes cours, il m'est arrivé, à maintes reprises, de travailler tard le soir, de 19 h à 2 h du matin.» Le droit marocain ne stipule aucune interdiction à l'encontre du travail de l'étudiant, néanmoins dans le respect des lois et règlements en vigueur. Il importe de souligner l'absence dans les cabinets de recrutement d'un statut social dédié aux étudiants travailleurs. Si les jeunes trouvent cette expérience avantageuse pour agir en personne libre et responsable, mais qu'en est-il des parents ? Ce sont les pères de familles qui approuvent plus cette démarche. Hayat, mère d'une étudiante, considère que ces petits jobs risquent d'avoir des répercussions négatives sur le rendement. Au départ, elle était contre la décision de sa fille, étudiante en sciences économiques à l'Université Hassan II de Casablanca, qui voulait alléger le fardeau familial. Maria n'est pas parvenue à combiner entre ses engagements estudiantins et professionnels. Un mois de lutte aura suffi pour qu'elle renonce au poste de télé vendeuse. Refus ou accord, l'aventure pour les étudiants reste une bonne expérience quelles que soient les conséquences.