Vendredi dernier, le Premier ministre s'est réuni avec les représentants des cinq plus importantes centrales syndicales. L'ordre du jour comportait l'état d'avancement des décrets d'application du code du travail et l'AMO. Le Premier ministre, Driss Jettou, s'est réuni vendredi dernier, au siège de son département, avec les représentants des cinq plus importantes centrales syndicales du pays. Il s'agit de la Confédération Démocratique du Travail (CDT), l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), l'Union Marocaine du Travail (UMT), la Fédération Démocratique du Travail (FDT) et de l'Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM). L'ordre du jour de cette réunion comportait deux principaux volets. D'une part, l'examen de l'état d'avancement des préparatifs des textes d'application du nouveau code du travail. Et d'autre part, le processus de préparation pour la mise en oeuvre de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Selon Taïeb Mounchid, secrétaire général de la FDT (syndicat proche de l'USFP), "le Premier ministre a assuré que le gouvernement a observé un rythme soutenu dans la préparation des décrets d'application du code du travail". Et pour cause, bon nombre d'entre eux ont été adoptés lors du dernier Conseil des ministres, présidé par SM Mohammed VI. Ces décrets d'applications traduisent les accords du 28 janvier relatifs, notamment, à la réforme des statuts des enseignants et des techniciens interministériels et à la revalorisation des régimes indemnitaires des différentes catégories de salariés. Toutefois, des retards ont été enregistrés par les syndicalistes concernant certains dossiers. C'est le cas de l'augmentation de 10 % du Smig. Le Premier ministre a affirmé que le décret d'application concernant cet aspect sera adopté, cette semaine, en Conseil du gouvernement. Mounchid, pour sa part, assure que cette augmentation sera appliquée avec un effet rétroactif, c'est-à-dire à partir de juillet 2003. Pour ce qui est de la polémique concernant l'application de l'IGR sur les indemnités de départ, le Premier ministre a été clair : tous les salariés vont bénéficier de cette mesure. Ce qui ne sera pas le cas des employeurs. La part patronale sera maintenue. Pour lever tout équivoque, un décret d'application spécial sera préparé dans ce sens. Parmis les dossiers en suspens, celui des conflits sociaux dans le secteur privé, ICOZ par exemple, ainsi que les revendications des administrateurs. Ces derniers observent des grèves depuis plusieurs mois. Ils souhaitent que leur rémunération soit égale à celle des ingénieurs. Le Premier ministre ne s'est pas prononcé, en détail, sur ces dossiers encore en suspens. Il a toutefois promis aux centrales syndicales de tenir de nouvelles réunions dans les prochaines semaines. Concernant le deuxième point à l'ordre du jour, l'assurance maladie obligatoire (AMO), le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, a présenté les différentes étapes franchies dans le processus de préparation de la mise en oeuvre de l'AMO. Selon le Dr. Abdelkader Tarfaye, secrétaire général du syndicat de la santé affilié à l'UNTM, l'exposé du ministre n'a rien apporté de nouveau. Lors de son intervention, le Dr. Tarfaye a mis le doigt sur "un phénomène gravissime" relatif à l'obligation pour les indigents de passer à la caisse dans le CHU de Rabat. En effet, depuis quelques mois, la direction du centre hospitalier fait payer 50% des frais aux nécessiteux, pourtant détenteurs d'un certificat d'indigence délivrés par les autorités publiques. Résultat: les couloirs de l'hôpital se sont transformés en véritable lieux de mendicité. "Cette mesure, totalement illégale et immorale a été considérée par le ministre de la Santé comme une anticipation et un essai en préparation à l'entrée en vigueur de l'AMO", souligne le Dr. Tarfaye. Cette phrase a soulevé un tollé général au sein de la réunion. "Le Premier ministre est rapidement intervenu pour rectifier le tir et donner ses instructions pour qu'aucun indigent ne paie les soins hospitaliers", poursuit le Dr. Tarfaye. A noter qu'un audit vient d'être réalisé au CHU de Rabat, attestant d'une mauvaise gestion de la part des responsables.