Après avoir examiné les résultats des études actuarielles réalisées par la CNSS et la CNOPS, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre, progressivement, l'assurance maladie obligatoire (AMO). La liste des soins et des médicaments sera régulièrement révisée, les taux de cotisation également. Le chef de l'Exécutif, Driss Jettou, a réouvert le dossier de l'assurance maladie obligatoire (AMO). En effet, le Premier ministre s'est réuni, vendredi dernier, avec cinq de ses ministres, pour examiner l'état d'avancement de la mise en œuvre de cette AMO. Cette séance de travail a été consacrée en premier lieu à l'examen des résultats de deux études actuarielles réalisées, respectivement par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). La première a réalisé son étude par ses propres cadres, quant à la deuxième, elle a fait appel à un cabinet externe. Toujours est-il que le but de ses deux études a consisté à mettre en exergue les différents scénarios concernant l'application de l'AMO. Il s'agit de différentes simulations que le gouvernement va étudier, adopter puis négocier avec les partenaires économiques et sociaux, en l'occurrence les chambres professionnelles, la CGEM et les centrales syndicales. En attendant, le gouvernement a, devant lui, une demi-douzaine de scénarios avec des impacts budgétaires précis. Et pour cause, l'Etat est incontestablement le premier employeur du pays. Comme n'importe quel patron d'entreprise, Oualalou doit mettre la main dans la poche. Mais avant, il va falloir définir, par exemple, le taux de cotisation du patronat et des salariés, ainsi que le panier des soins. Sur ce dernier point, rappelons que parmi les solutions adoptées, à l'échelle internationale pour contenir les coûts de la santé, figure fréquemment l'idée de limiter la liste des interventions et prescriptions remboursables par l'assurance maladie de base. Dans plusieurs systèmes de santé, le mot d'ordre est souvent le rationnement et ce pour des raisons budgétaires évidentes.Dans d'autres systèmes, on préfère augmenter progressivement le taux de cotisation des salariés. Plus ils paieront, plus les soins couverts par l'AMO seront nombreux ou plus le taux de remboursement sera élevé. En tout cas, il n'y a pas de recette pré-établie. Le système final dépendra, essentiellement, des moyens financiers injectés. D'où l'importance des négociations que le gouvernement compte lancer avec le patronat et les syndicats. Le Premier ministre est sans doute conscient que l'AMO est un vaste chantier. En tout cas, les communiqués de son département le prouvent. Alors qu'on parlait de "mise en œuvre du régime de l'AMO", il y a quelques mois, aujourd'hui on préfère annoncer le "lancement" ou la "mise en œuvre progressive", mais dans les délais prévus. En matière de timing, la loi prévoit l'entrée en vigueur de l'AMO un 1er janvier. Le gouvernement s'est solennellement engagé, et à maintes reprises, pour que l'entrée en vigueur de l'AMO soit effectuée le 1er janvier 2005. Selon des sources bien informées, Driss Jettou a clairement l'intention de tenir sa parole, mais tout en mettant un peu d'eau dans son vin. En d'autres termes, l'AMO sera appliquée de manière graduelle. Par exemple, la liste des soins et des médicaments sera régulièrement révisée, les taux de cotisation également. C'est normal, car la moindre précipitation risque de coûter des millions de DH aux caisses de l'Etat et aux adhérents. En tout cas, rien n'a été arrêté de manière définitive. Les grandes inconnues dans l'équation demeurent les positions de la CGEM et des centrales syndicales.