En raison des promesses formulées par le gouvernement, les principales centrales syndicales ont décidé de suspendre leurs appels aux grèves. Le Premier ministre, Driss Jettou, veut éviter que l'été 2004 soit synonyme de grogne sociale. Il s'est donc réuni, en fin de semaine dernière, avec les représentants des principales centrales syndicales : l'UMT, la CDT, l'UGTM, la FDT et l'UNTM. Ces rencontres ont eu lieu séparément. Devant les représentants de chaque centrale, le Premier ministre était entouré de son bras droit, Mohamed Brahimi, du fraîchement nommé, ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaïd, du ministre de l'Emploi, Mustapha Mansouri, du directeur général des Collectivités locales, Saâd Hassar et des cadres du ministère des Finances. L'ordre du jour comportait deux points essentiels qui découlent des accords du 30 avril 2003 et du 28 janvier 2004 entre le gouvernement et des centrales syndicales. Il s'agit de la promotion interne et la hausse des rémunérations des fonctionnaires. Mais ce fut également l'occasion pour les centrales de revenir sur les principaux dossiers chauds que connaît la scène syndicale. Il s'agit essentiellement des revendications des administrateurs, de la problématique de la retraire, de la crise dans le secteur de la santé, de la grogne dans les rangs des fonctionnaires et agents des Collectivités locales, sans oublier le transport urbain et l'application de la nouvelle législation du travail. Tout a été passé en revue. Chaque syndicat a eu droit à une longue entrevue avec le chef de l'exécutif. «Les débats se sont déroulés dans la sérénité totale», affirme Taïeb Mounchid, secrétaire générale de la Fédération démocratique du travail (FDT). Concernant le dossier des administrateurs, «Driss Jettou a assuré que le ministre chargé de la modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaïd, réunira au courant de cette semaine les représentants syndicaux pour trouver une solution au problème des administrateurs». En fait, le gouvernement est prêt à satisfaire les administrateurs détenteurs d'un diplôme, au détriment de ceux qui ont ce grade par ancienneté. Une proposition qui n'a pas été formulée officiellement par le gouvernement et pour que les administrateurs refusent donc de commenter. Pour ce qui est du dossier épineux des retraites, le gouvernement s'est engagé à activer le travail des commissions pour débattre essentiellement du fameux problème du «temps de prélèvement». En effet, pour sauver la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui sombre en pleine crise financière, le gouvernement a proposé d'augmenter de 1% par an, pendant trois ans, les primes versées par les fonctionnaires et par l'Etat. «Nous n'avons aucune objection à ce que les caisses de la CMR soient renflouées», assurent Mounchid. Toutefois, il estime que son syndicat ne peut pas accepter que cette hausse soit effectuée pendant trois ans. «Appliquons cette augmentation pour 2004 et faisons une évaluation. Si une autre hausse s'avère nécessaire, nous serons prêts à l'accepter», poursuit Mounchid. Le directeur des collectivités locales au ministère de l'Intérieur, a affirmé, pour sa part, que son département allait convoquer au courant de cette semaine les syndicats concernés pour discuter de leur cahier revendicatif. «Même chose pour le secteur de l'Emploi», souligne Mohamed Kabbaj, numéro deux de l'UGTM. Mansouri s'est engagé à soumettre à approbation le nouveau statut des inspecteurs du travail. Le rôle de ces derniers est primordial car ils sont appelés à accompagner l'application de la nouvelle législation, dont les décrets d'application n'ont toujours pas vu le jour. En tout cas, en raison de toutes les promesses formulées par le gouvernement, l'ensemble des centrales syndicales ont décidé de suspendre leurs appels aux grèves. Socialement, Jettou s'est donc assuré un été assez doux.