En effet, ce potentiel constitue une opportunité pour les exportations agroalimentaires du Maroc dans le sens où notre pays bénéficie de plusieurs atouts d'ordre géographique, culturel, historique, socio-économique et politique pour renforcer ses liens commerciaux avec les pays de l'Afrique. Aussi, la présence de plusieurs filiales de banques nationales en Afrique est de nature à renforcer l'accompagnement et l'appui des entreprises marocaines opérant dans divers domaines, dont notamment le secteur agroalimentaire. C'est ce qui se dégage de la toute récente publication de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l'économie et des finances, intitulée «Défis et opportunités des exportations agroalimentaires marocaines sur le marché africain». La dynamique est là ! Depuis l'année 2000, les exportations agroalimentaires marocaines vers l'Afrique ont connu une bonne dynamique avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 15%, marquant une prépondérance des produits transformés et une montée récente des produits frais. Ces exportations marocaines vers l'Afrique ont également été concentrées sur les produits de base (farines, gruaux, semoules et agglomérés de céréales, extraits et essences de café ou de thé et fromage) mais avec une tendance haussière de la demande africaine d'autres produits alimentaires (légumes frais, congelés ou en saumure, agrumes, tomates fraîches et fruits frais). De plus, les exportations marocaines sont concentrées sur les pays de l'Afrique de l'Ouest (Guinée, Mauritanie, Sénégal et dans une moindre mesure Mali, Ghana et Gambie) et du Nord (Algérie, Libye, Egypte et Tunisie). A noter que l'analyse du positionnement du Maroc sur les marchés africains pour les principaux produits agroalimentaires sélectionnés montre que notre pays est soit absent soit très peu présent sur les principaux pays importateurs de ces produits au niveau du continent. Les principaux freins identifiés Le développement des exportations agroalimentaires marocaines vers le continent africain se heurte à de nombreuses contraintes que le Royaume est appelé à surmonter. En ce sens, la DEPF cite en premier la multiplicité des frontières nationales qui font obstacle au commerce intra continental. Ainsi, l'obligation de traverser plusieurs frontières et de se conformer à des régimes commerciaux différents entraînent une faible intégration des marchés, facteur qui entrave le commerce intra-africain et le maintien en deçà de son potentiel. Le second obstacle reste les coûts de transaction (transport et assurance) qui sont très élevés en Afrique et entravent la croissance du commerce intracontinental. Ces coûts sont en moyenne plus élevés pour le commerce intra-africain que pour les échanges avec le reste du monde. Enfin on retrouve la faiblesse des infrastructures et de la logistique liant le Maroc au reste des pays africains qui constitue un véritable frein au développement des échanges commerciaux entre le Maroc et l'Afrique. En effet, en plus de l'insuffisante infrastructure routière en Afrique, le transport maritime n'est pas suffisamment exploité entre les deux parties. De plus, l'absence d'accords de facilitation de transit vient aggraver ces carences. Des solutions proposées… Partant des principaux obstacles au développement des exportations marocaines vers l'Afrique, la DEPF a également identifié un ensemble de mesures à mettre en œuvre pour tirer profit du potentiel des échanges commerciaux entre le Maroc et l'Afrique, en particulier pour ce qui concerne le marché agroalimentaire. Il s'agit, notamment, de cibler des partenaires commerciaux prioritaires en fonction des potentialités de leurs marchés, d'améliorer le cadre juridique et réglementaire des accords de commerce et d'investissement conclus avec les pays de cette région, d'adapter l'offre agroalimentaire marocaine aux spécificités de ces pays, de renforcer la logistique commerciale liant notre pays à ses partenaires africains et de coordonner les stratégies d'action des pouvoirs publics avec les opérateurs privés. Dans ce sens, la réalisation des études de marché sur les potentialités commerciales des différentes régions de l'Afrique, ainsi que l'encouragement et l'accompagnement des entreprises marocaines en matière d'exportation agroalimentaire vers le continent africain, seraient de nature à renforcer notre présence sur ce marché. De même, ces actions contribueraient à l'amélioration du positionnement du Maroc sur le marché africain de l'agroalimentaire en renforçant la compétitivité du secteur agroalimentaire marocain dans le cadre du Plan Maroc Vert, et ce, à travers l'adaptation de l'offre de matière première en valorisant les produits agricoles et en diversifiant l'offre exportable. Ainsi, le rôle des agropoles demeure crucial pour accompagner les opérateurs agricoles et agro-industriels dans leur processus d'adaptation avec les spécificités du marché africain.