Le potentiel est grand et pas assez exploité. Voici le principal constat que l'on pourrait tirer de la récente publication de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), intitulée «Quelles opportunités pour les produits halieutiques marocains sur le marché africain?». Ainsi, le ministère de l'économie et des finances s'est penché sur le potentiel qu'offre le marché africain en termes d'exportations de produits halieutiques. Aussi, les analyses effectuées dans le cadre de cette étude ont permis de révéler le fort potentiel dont jouissent les exportations marocaines des produits halieutiques sur le marché africain qui recèle d'importantes capacités de développement non encore exploitées. Il faut dire que le croisement entre le rythme de croissance et la valeur des importations des produits halieutiques de l'Afrique sur les cinq dernières années révèle un certain déséquilibre. La demande africaine est de plus en plus accrue pour la majorité des produits, avec en tête les conserves de poissons avec un taux de croissance annuel moyen de 22%, les crustacés et mollusques avec 21% et 9% pour le frais. De l'autre côté, les échanges commerciaux des produits halieutiques entre le Maroc et l'Afrique représentent à peine 15%, en moyenne sur la période 2008-2012 de la valeur globale des exportations marocaines en ces produits. Une disparité qui gagnerait à être rééquilibrée. Pour ce faire, la DEPF a commencé par identifier les principaux freins au développement des exportations marocaines des produits halieutiques sur le marché africain. En effet, ce développement se heurte à de multiples contraintes exogènes et dont la levée ne pourrait intervenir qu'à moyen et long termes. Ces contraintes sont liées essentiellement à plusieurs blocages au commerce intra-africain en raison de la multiplicité des difficultés liées aux frontières des pays, des droits de douane et coûts de logistique élevés, du faible pouvoir d'achat de la majorité des pays africains, de la forte concentration de la demande sur les poissons frais, du manque d'infrastructures ainsi que de la rude concurrence exercée notamment par les pays de l'Asie. Par ailleurs, la DEPF a identifié d'autres contraintes endogènes à l'origine de la faible performance des exportations marocaines des produits halieutiques sur le marché africain. Il s'agit notamment des contraintes liées à la logistique, la méconnaissance du marché africain et des habitudes alimentaires de ses pays, la nécessité d'une stratégie commerciale mieux adaptée du Maroc pour les produits halieutiques et d'accompagnement des entreprises dans leur démarche à l'export et la forte concentration des produits transformés… Toutefois, il faut noter que les différents efforts de coopération engagés récemment par le Maroc sous impulsion royale pour le développement du commerce avec l'Afrique reflètent une nouvelle prise de conscience de l'importance croissante quant à la diversification des débouchés de ses exportations halieutiques qui restent actuellement fortement concentrées, notamment sur le marché de l'Europe, premier partenaire du Maroc en termes d'échanges extérieurs. Ainsi, la DEPF appelle à la mise en place des réformes pouvant pallier les différents obstacles pour favoriser l'essor des échanges intra-africains du Maroc. Recommandations Selon la DEPF, le Maroc devrait faire preuve d'un effort soutenu pour lever les obstacles qui limitent ses exportations halieutiques vers l'Afrique et ainsi se construire une ambition stratégique sur son propre continent. En gros, si l'évolution de la demande africaine le permet, le Maroc en a potentiellement les moyens et la volonté royale l'y invite. Voici donc, en synthèse, les recommandations du ministère de l'économie et des finances : - Le Maroc devrait renforcer sa capacité de production à travers la poursuite de développement de sa filière aquacole et de sa flotte hauturière nationale. - La mise en œuvre d'une politique régionale au niveau de l'Afrique pour permettre une meilleure anticipation et une gestion plus efficace des risques d'épuisement des stocks. - L'optimisation des volumes débarqués portant sur la réduction des pertes après capture et l'amélioration des conditions de préservation à bord. - L'ajustement de la politique commerciale nationale d'exportation et des actions à entreprendre pour faire émerger une stratégie cohérente spécifique pour l'Afrique. - La diversification des exportations à travers une augmentation des exportations de produits traditionnels vers de nouveaux marchés non encore explorés. - L'amélioration des infrastructures commerciales à travers de nouvelles connexions terrestres et surtout maritimes entre le Maroc et les pays d'Afrique. - L'organisation et la fédération des différentes familles d'opérateurs marocains à l'export avec une meilleure collaboration avec le secteur bancaire conjuguée à l'amélioration de l'assurance à l'export en faveur des PME opérant en Afrique. - Le déploiement d'efforts supplémentaires pour soutenir les entreprises marocaines et les encourager à exporter davantage vers le continent. - Le renforcement des investissements stratégiques en Afrique, notamment pour exploiter le savoir-faire marocain dans le secteur des pêches et améliorer le commerce des produits de la pêche sur les marchés régionaux. - La promotion du commerce intra-africain à travers le renforcement de l'application des accords commerciaux régionaux existants, en particulier ceux qui portent sur l'élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires. - La mise en place d'un cadre réglementaire adapté et une plus ample harmonisation des accords de pêche au niveau sous-régional.