ALM : Ça vous fait quoi d'être champion du monde ?
Mohamed Rabii : D'abord je tiens à vous signaler que remporter le titre de champion du monde en boxe n'est pas une mince affaire, car c'est très difficile de s'imposer dans le monde du combat. En effet, croyez-moi, ce n'est pas toujours agréable parce que c'est aussi une grande responsabilité, une grande contrainte. Mais c'est pour ça que je suis devenu sportif et boxeur, pour avoir du succès. Et c'est le but, le but final de devenir champion du monde à un moment donné. Dans quel état d'esprit avez-vous affronté les meilleurs boxeurs pour le titre mondial ? Aviez-vous conscience de l'ampleur de la tâche ? Bien sûr, j'avais conscience que c'était un événement très important et que je pouvais entrer dans l'Histoire et enfin sortir de l'ombre en cas de victoire. Mais c'est le problème dans notre pays : il faut arriver au Championnat du monde pour qu'on s'intéresse à toi ! Et encore, il faut le gagner… Un combat pour le titre se prépare en combien de jours à l'avance ? Vous voulez dire dans combien d'années ! Au fait, il m'a fallu des années et des années pour arriver à gérer le combat de titre au championnat du monde à Doha. Ce n'était pas facile de décrocher le titre face au Kazakh Daniyar Yeleussinov qui frappe fort ou encore face au boxeur britannique, au chinois qui étaient mus par une grande détermination. Mais Dieu merci j'ai pu honorer et sauver la face de la boxe et du sport national à l'extérieur. Comment êtes-vous arrivé au sommet de la boxe mondiale ? Après mon effort personnel et ma volonté qui n'a pas de limites d'inscrire mon nom dans la cour des grands boxeurs. C'est également mon rêve de hisser le drapeau marocain après des années de vaches maigres dans le sport national en général et particulièrement la boxe. Ensuite je ne vais pas oublier l'encadrement de mes entraîneurs au sein du club de Chabab El Bernoussi à Casablanca. Enfin les orientations des grands entraîneurs au sein de la Fédération royale marocaine de la boxe, à l'instar de Mohamed Mesbahi et l'entraîneur national cubain Rojas Scott Dagoberpo. Après cette consécration, quelle est la prochaine étape ? Attendez-moi aux jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016. J'ai la ferme détermination de rafler une autre médaille d'or. C'est mon rêve et le rêve de toute une fédération. Comme j'ai dit, ce n'est pas toujours agréable de gagner parce que c'est aussi une grande responsabilité, une grande contrainte envers SM le Roi qui ne cesse de donner ses orientations pour redorer le blason du sport national ici et ailleurs et envers un peuple qui a soif de voir le drapeau marocain brandi dans d'autres cieux. Recevez-vous vos primes après chaque exploit ? Pour mon exploit à Doha, je viens d'arriver, mais certainement je vais les recevoir comme à chaque fois. Sinon j'en profite pour faire un petit appel au ministère de la jeunesse et des sports et le Comité national olympique marocain de mettre plus de moyens à la disposition de la fédération de boxe pour améliorer les conditions de ce sport dans ce pays. Comment sont vos rapports avec le président de la fédération, Jaouad Belhaj ? Jaouad Belhaj est toujours en contact avec nous. Il nous soutient et essaie d'être toujours là à nos côtés malgré ses préoccupations. D'ailleurs, juste après ma consécration à Doha, il m'a appelé et m'a présenté ses félicitations ainsi que celles de SM le Roi Mohammed VI qui a exprimé sa joie après mon exploit. Pour finir, un mot pour tous ceux qui te soutiennent ? Merci à tous ceux qui ont cru que je pouvais y arriver un jour. Je ne peux en vouloir aux autres car moi-même j'en ai douté. Une dédicace spéciale à mes parents et ma grande famille qui m'aide depuis mes débuts et une énorme pensée à mes amis. J'aspire à continuer à être debout sur les rings moi, qui, si je ne l'avais pas fait dans ma carrière, je ne sais où j'en serai aujourd'hui.