Près de 2000 congressistes du PJD ont été appelés, dimanche 11 avril, à choisir leur futur leader. Secrétaire général adjoint, Saâd Eddine Al Othmani, a été porté, comme prévu, à la tête du parti. Quant à Mustapha Ramid, considéré comme le tenant de la ligne dure, il a préféré ne pas présenter sa candidature, malgré son adoubement par le Conseil national. Reportage. Election sans surprise de Saâd Eddine Othmani à la tête du PJD. Dès l'ouverture des travaux du cinquième congrès de ce parti, l'homme affichait une grande assurance. Il s'est assis à côté du docteur Abdelkrim Khatib. Quand ce dernier a terminé son discours, c'est Saâd Eddine Othmani qui s'est dévoué pour l'aider à regagner sa place. Le vote des membres du Conseil national et des congressistes a confirmé la symbolique de la proximité entre le fondateur du PJD et son homme de confiance. Saâd Eddine Othmani a été, lors de chaque vote, hissé à la tête de tous les candidats. D'abord lors de l'étape préalable durant laquelle chaque membre du Conseil national procède au choix de quatre noms au plus ou trois au moins, parmi les membres du Conseil national. Durant cette étape, à laquelle ont pris part 213 électeurs, Saâd Eddine Othmani a obtenu 199 voix, suivi d'Abdelilah Benkirane (120 voix), Lahcen Daoudi (120 voix), Mustapha Ramid (70 voix) et Abdellah Baha (59 voix). Ensuite, les membres de ce même Conseil ont procédé à un deuxième vote pour choisir trois noms parmi les candidats qui ont reçu le plus de suffrage. Cette fois-ci encore M. Othmani a battu tout le monde. Il a obtenu 205 voix, devant Abdellilah Benkirane (121 voix), Lahcen Daoudi (44 voix) et Mustapha Ramid (44 voix). Ce dernier ne voulait pas qu'on vote pour lui. Il avait pris la parole avant le début des opérations pour déclarer: "Compte tenu de circonstances exceptionnelles, je ne suis en rien concerné par les opérations de vote. Les mêmes raisons pour lesquelles j'ai présenté ma démission de la présidence du groupe parlementaire PJD m'obligent encore aujourd'hui à me soustraire catégoriquement à ce qui va arriver". En d'autres termes, Mustapha Ramid ne souhaitait pas être élu au poste de secrétaire général du PJD. Il a pris à trois reprises le micro pour conjurer les électeurs de ne pas mentionner son nom dans la liste des candidats. Agacés par les manifestations répétitives de M. Ramid, les membres du Conseil national ont approuvé - par vote - son souhait. Restaient en lice seulement Saâd Othmani, Abdellilah Benkirane et Lahcen Daoudi. Les congressistes, au nombre de 2000 personnes, ont choisi M. Othmani. Il a été plébiscité par "la majorité écrasante" des votants au premier tour. Il a reccueilli 1268 voix sur 1595 suffrages exprimés, soit 80,5% des voix, à ses deux rivaux Abdelilah Benkirane et Lahcen Daoudi respectivement 295 votes (12,8%) et 52 voix (7,1%). Un large plébiscite. M. Ramid a été parmi les premières personnes à le féliciter. Même s'il a été ferme sur sa décision de retirer sa candidature du poste de SG, M. Ramid a veillé personnellement sur le déroulement des opérations de vote. Il marchait d'une urne à l'autre, donnait des recommandations. Que s'est-il produit dans la tête d'un homme de ne pas vouloir participer à un vote à l'issue duquel il accordait tant d'intérêt ? Il faut reconnaître que M. Ramid a passé un mauvais quart d'heure lorsque le fondateur du PJD a pris la parole, samedi matin, pour dresser la feuille de route à son successeur. L'allocution du docteur Khatib s'est articulée autour d'une idée fixe: "l'attachement du PJD à la composante essentielle de la culture marocaine: al imama". Il a expliqué à cet égard que les "Marocains sont musulmans par allégeance" et a clarifié son dévouement à la Monarchie. Le discours entier du docteur Khatib semblait une réponse à la lettre de Mustapha Ramid où il demandait la révision de la Constitition du Royaume et particulièrement le chapitre relatif aux attributions du Roi. Le discours de Saâd Eddine Othmani, qui a détaillé en tant que secrétaire général adjoint la charte doctrinale du parti, allait dans le même sens que celui du docteur Khatib. "Les trois composantes du pays sont l'Islam, l'intégrité territoriale et la monarchie", a-t-il souligné. Il ajouté que "le PJD est attaché à l'Islam et à Amir al Mouminine qui en préserve les fondements". Du point de vue du discours, le PJD semblait à mille lieues de la référence à l'Islam dont il se réclamait, dans le passé, à cor et à cri. Cette référence est toujours inscrite dans les slogans chantés par les militants et militantes de ce parti. Mais elle n'est plus exclusive dans les discours des responsables de ce parti. Ces militants se sont déplacés en très grand nombre au complexe Moulay Abdellah. Samedi, ils avaient rempli toutes les places de cet établissement. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Ils brandissaient de la main droite l'étendard du PJD, de l'autre le drapeau national. Plusieurs chefs de partis nationaux, dont Ahmed Osman, Abbès El Fassi et Mohamed Elyazghi, ont assisté à cette mobilisation impressionnante des militants du PJD. Ils ont constaté l'organisation irréprochable du PJD. Ses militants sont très disciplinés et ils se donnent le mot pour voter en masse. Leur vote s'est effectué en toute transparence dans des urnes en plexiglas. Mais il y avait dans l'oreille des militants comme une musique pour marcher au pas. D'ailleurs, M. Othmani semblait sûr de son élection. Il a pris ses dispositions pour prendre ce mardi l'avion pour la Turquie. Il y rencontrera sans doute les dirigeants de l'autre PJD.