Le Maroc doit combler un déficit actuel de près de 600.000 logements. «Nous allons continuer à construire. Nous construirons beaucoup», a commenté le ministre de l'habitat et de la politique de la ville, Nabil Benabdellah. Cet impératif de construction en masse soulève une problématique tout aussi urgente, celle de l'impact sur l'environnement. «L'habitat social face au changement climatique» était justement le thème de la 48ème conférence du réseau habitat et francophonie organisée hier, mardi, à Rabat en partenariat avec le Groupe Al Omrane, bras armé de l'Etat dans le secteur de l'habitat et de l'aménagement urbain. Si la corrélation entre habitat et changement climatique peut sembler peu évidente, la ministre déléguée chargée de l'eau, Charafat Afilal, également présente lors de cette conférence, a tenu à préciser que «le secteur du bâtiment consomme plus de 40% de l'énergie nette produite dans le monde et est responsable de la production de près de 30% des gaz à effet de serre». Si le Maroc reste un pays faiblement émetteur de gaz à effet de serre, il n'est pas non plus à l'abri des conséquences du réchauffement climatique. «Les récentes inondations dans le Sud nous ont démontré que nous pouvons être directement touchés par les changements climatiques», a noté Nabil Benabdellah. D'où les efforts du Maroc en faveur de la protection de l'environnement qui, selon le ministre, n'ont cessé de se multiplier depuis la conférence de Rio en 1992. Benabdellah a, par ailleurs, rappelé la croissance considérable que connaît le Maroc en matière d'habitat, notamment en ce qui concerne les logements sociaux. «Nous consommons du foncier, nous mettons en place des réseaux d'assainissement, d'eau potable, d'électricité, etc. et tout cela doit absolument se faire en prenant en considération son impact potentiel sur l'environnement», a déclaré le ministre. Dans ce même sillage, le président du directoire de la Holding Al Omrane, Badre Kanouni, a assuré que «l'habitat doit être une chance, non une menace». Le Royaume n'est pas le seul pays à devoir faire face à ce type de défis. «Le monde doit pouvoir produire au moins 1 milliard d'habitations d'ici 2025», a déclaré Alioune Badiane, directeur des programmes de l'ONU habitat. Le représentant de l'organisation internationale a ainsi rappelé la contrainte qu'imposera la croissance démographique au monde dans les années à venir. «En 2050, la population mondiale devrait atteindre 9 milliards, dont 66% seront des citadins», a-t-il affirmé, «L'Afrique connaît actuellement une urbanisation accélérée. 33% de ses habitants vivent dans le milieu urbain et ce taux devrait atteindre 50% en 2025», a-t-il ajouté. Selon Alioune Badiane, les politiques de l'habitat doivent impérativement changer pour inclure des paramètres tels que la durabilité du bâtiment et son intégration dans l'environnement. Les travaux de cette rencontre se poursuivent jusqu'à jeudi, 30 avril, avec l'espoir d'apporter des solutions durables aux problématiques soulevées. Il est par ailleurs à noter que cette conférence intervient alors que le Maroc se prépare à accueillir la 22ème conférence des parties à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22) en 2016.