Deuxième test de Badr Kanouni devant les parlementaires. Mercredi dernier, le président du directoire du holding Al Omrane était en effet l'invité de la commission des finances au sein de la Chambre des conseillers, pour la seconde fois depuis sa nomination à la tête de l'établissement. Il s'agissait pour lui d'expliquer ce que certains parlementaires ont appelé «des dysfonctionnements et contraintes dont pâtit le groupe Al-Omrane». Lors de cette rencontre, les parlementaires sont même allés jusqu'à demander un contrôle financier et technique de l'action d'Al-Omrane par une partie externe et qui soit étendu à tous les intervenants dans le secteur de l'habitat. Sur ce dossier, le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, Nabil Benabdellah, accompagnant le patron d'Al Omrane dans son grand oral, n'a pas hésité à confirmer que «le département de tutelle est engagé à en finir avec les dysfonctionnements qui auraient émaillé l'activité du groupe». En d'autres termes, la tutelle prend désormais les choses en main. D'ailleurs, à ce titre, Kanouni ne manque pas de reconnaître l'existence de défis majeurs auxquels l'opérateur doit faire face. Le premier est lié au programme de «ville sans bidonvilles», dont le retard a été décrié par les membres de la commission des finances. Au moment où les parlementaires expliquent le retard par la spéculation immobilière qui se serait emparée de ces projet, le diagnostic présenté par Kanouni soulève plusieurs anomalies liées à la concrétisation de ces villes. Le premier, et pas des moindres, est lié à l'aspect financier. Lors du démarrage de la politique des villes nouvelles, l'accent n'a en effet pas été mis sur la mise en place d'un plan de financement définitif. Ensuite, le problème de l'accès aux villes nouvelles ne manque pas de constituer un autre frein devant la concrétisation de ses projets. Dans un contexte où les collectivités locales sont, de l'avis d'Al-Omrane, dans l'incapacité d'assurer la gestion des services de transport où la mise en place des réseaux routiers pour relier les villes nouvelles aux autres artères, les choses deviennent compliquées. D'ailleurs, ce volet lié à la relation des collectivités locales et les projets portés par Al-Omrane est également soulevé chez les membres de la commission. Ces derniers déplorent que les administrations territoriales considèrent le groupe Al Omrane comme «un opérateur privé», ce qui a pour conséquence de compliquer la tâche de l'opérateur dont la mission à caractère social principalement, se retrouve confrontée aux mêmes contraintes qu'éprouverait un opérateur en quête de profit. Du coup, Al Omrane est appelé aujourd'hui plus que jamais à nouer le contact avec les collectivités locales en vue d'examiner les questions en suspens à l'échelle territoriale. Le groupe est également interpellé sur les projets liés à la résorption des bidonvilles. Là encore, les parlementaires ne tarissent pas de critiques et ont dénoncé la persistance de la pénurie de logements et de la problématique des bidonvilles, appelant à reconsidérer l'approche suivie dans la gestion de l'immobilier public. Toutefois, Kanouni n'a pas manqué d'argumenter pour justifier la situation. D'abord, ce perpétuel problème du nombre de bénéficiaires. Déjà évoqué sous l'ère du ministre sortant, Ahmed Toufiq Hejira, le nombre de bénéficiaires en croissance continue à être une entrave majeure à la finalisation du programme lancé par la tutelle et où Al Omrane joue le rôle du bras opérationnel de l'Etat. Ensuite, la question liée au foncier. Des villes comme Casablanca, où le besoin en relogement des habitants des bidonsvilles est des plus importants, souffrent en effet d'une rareté du foncier public qui permettrait à Al-Omrane de réaliser les projets nécessaires. Cette situation amène aujourd'hui les parlementaires à demander à réduire l'éventail des interventions du groupe de sorte à ce qu'il agisse essentiellement pour l'extension de l'offre en logements sociaux et la lutte contre les bidonvilles. Ceci devrait selon eux lui permettre d'alléger le fardeau qui pèse sur le groupe. Cette rencontre a été l'occasion pour Al-Omrane de communiquer sur ses perspectives. Le groupe table cette année sur un investissement de 7,50 MMDH et un chiffre d'affaires de 5,5 MMDH.