La police espagnole considère que la collaboration des services de sécurité marocains n'a aucune importance, affirme El Pais. c'est ce qu'affirme le correspondant à Rabat du quotidien espagnol, qui cite des sources de la police de son pays. Le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes, a indiqué, mardi lors d'une conférence de presse, que l'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid privilégie la piste de l'existence d'une relation entre les personnes détenues et le Groupe islamiste combattant marocain (GICM) et de l'implication des 23 personnes mises en état d'arrestation jusqu'à présent. La déclaration du ministre espagnol intervient à un moment où le juge espagnol chargé de l'instruction, Juan del Olmo, commence à tirer les premières conclusions sur l'affaire après avoir entendu plusieurs personnes arrêtées dont 19 avaient été placées en détention préventive. Ces premières conclusions ont permis au juge espagnol de lancer cinq mandats d'arrêt internationaux contre des individus soupçonnés d'être impliquées dans la préparation ou l'exécution des attentats. L'un des mandats d'arrêts concerne le Marocain Abdelkrim Thami Mejjati que les enquêteurs soupçonnent d'être le cerveau de l'opération du 11 mars. Mejjati, 36 ans, est aussi soupçonné par les services de sécurité marocains d'avoir participé à l'organisation des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Il est également recherché par les services de sécurité saoudiens qui l'accusent d'avoir été derrière les attentats perpétrés en décembre dernier au quartier résidentiel Al Mohaya à Riyad. Les mandats d'arrêts internationaux devraient être communiqués par la justice espagnole aux services de sécurité marocains dont la collaboration avec les enquêteurs espagnols a permis d'avancer plus rapidement dans l'enquête. Toutefois, le quotidien espagnol El Pais affirme dans son édition d'hier que la police espagnole considère que cette collaboration n'a aucune importance. Dans un article intitulé "Rabat veut être plus associée à l'investigation", le correspondant de ce quotidien madrilène au Maroc, Ignacio Cembrero, affirme que "la police espagnole signale que la collaboration marocaine est peu utile car ses archives ne sont pas à jour et les méthodes qu'elle emploie pour obtenir des déclarations incitent, parfois, les détenus à inventer des choses pour mettre fin aux mauvais traitements". Selon Cembrero, les policiers marocains cherchent à avoir accès aux Marocains détenus afin de participer aux interrogatoires, et que pour convaincre leurs homologues espagnoles, "ils allèguent qu'ils ont fait des détentions à Tanger et Tétouan et qu'ils ont interrogé des dizaines de suspects pour aider la police espagnole". Par ailleurs, la police espagnole a arrêté hier un ressortissant marocain que le juge del Olmo avait relâché pour absence de preuves. Del Olmo avait ordonné mardi matin la remise en liberté de ce suspect âgé de 28 ans, mais de nouveaux éléments recueillis depuis ont conduit les enquêteurs à l'arrêter une nouvelle fois. Il s'agit d'un étudiant en électronique qui avait partagé un appartement avec l'un des auteurs présumés des attentats de Madrid, le Syrien Basel Ghayoun. Selon le quotidien catalan La Vanguardia, la police aurait découvert quelques heures après sa libération que ses empreintes digitales avaient été relevées dans la maison de Morata de Tajuna où les terroristes auraient préparé les bombes du 11 mars. Né en 1975 à Nador, il a étudié pendant trois ans à l'Université polytechnique de Madrid avant de poursuivre ses études en électronique à Gijon (Asturies) et en Allemagne. Par ailleurs, la mère de deux des principaux suspects arrêtés dans l'enquête sur les attentats de Madrid, Jamal Zougam et Mohamed Chaoui, affirme dans un entretien publié hier par le quotidien El Mundo, que ses deux fils étaient avec elle lorsque les bombes ont explosé dans les quatre trains de la banlieue madrilène. "Mes fils ne sont pas montés à bord d'un train, mercredi, ils ont passé la nuit à la maison avec moi, comme ils le font tous les jours ; jeudi, je leur ai préparé le petit-déjeuner, comme je le fais tous les matins, et nous avons vu à la télévision ce qui s'était passé", assure-Aïcha Achab. Enfin, rappelons que, jusqu'à présent, dix Marocains sont placés en détention préventive dans une prison de haute sécurité de Madrid après avoir été entendus par le juge Del Olmo. Il s'agit de Jamal Zougam, Mohamed Chaoui, Mohamed Bekkali, Abderrahim Zbakh, Abdelouahed Berrak, Mohamed Cheddadi, Rafa Zouheir, Naïma Oulad Akcha, Fayçal Allouch et Hamid Hmidane.