L'organisation terroriste basque ETA s'est sinistrement invitée aux élections législatives en Espagne en perpétrant une série d'attentats à Madrid. Treize explosions ont secoué, jeudi, les trois gares ferroviaires de la capitale espagnole faisant 173 morts et plus de 600 blessés, dont des citoyens marocains résidant en Espagne. À trois jours des élections législatives, les terroristes basques de l'ETA ont perpétré, jeudi, une série d'attentats qui ont provoqué un carnage des plus meurtriers de l'histoire de l'Espagne. 173 morts et plus de 600 blessés est le bilan provisoire des victimes de la série d'attentats à l'explosif qui ont secoué la capitale espagnole. Il était 7h30 du matin lorsqu'une série de treize explosions eurent lieu dans trois gares ferroviaires de Madrid. Aussitôt, la bande terroriste de l'ETA est montrée du doigt. Cela faisait des semaines que les services espagnoles de sécurité recevaient des signaux forts sur l'intention de l'organisation terroriste de perpétrer un grand attentat à Madrid. Cette thèse se confirmera quelques heures plus tard malgré les tentatives d'intoxication de la part du mouvement interdit, Herri Batasuna, considéré comme l'aile politique de l'ETA qui a déclaré que la série d'attentats auraient été perpétrés par des organisations terroristes islamistes. Cette thèse fut immédiatement rejetée par le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes, dans une conférence de presse. "Les forces de sécurité de l'Etat et le ministère de l'Intérieur n'ont aucun doute que le responsable de cet attentat est l'organisation terroriste, ETA", a-t-il affirmé. Selon le Acebes, treize bombes ont été utilisées pour commettre les attentats. "Trois bombes ont explosé à la gare d'Atocha" en plein de centre de Madrid, "quatre à proximité" cette gare, "une dans la gare de Santa Eugenia et deux dans celle d'El Pozo", ces deux dernières étant dans la banlieue de Madrid, a précisé le ministre Angel Acebes. S'agissant des trois autres explosions, ce furent les artificiers de la police qui ont procédé à leur explosion contrôlée. Il s'agit là d'une preuve de l'implication de l'ETA. Car, l'organisation terroriste a l'habitude de placer des bombes pièges dans les lieux des attentats afin de les faire exploser au moment de l'arrivée des secours et des services de sécurité. "Les explosions se sont produites à bord de quatre trains de banlieue à partir de 7h30 du matin (06H30 GMT), à 4 ou 5 minutes d'intervalle et sans aucun avertissement préalable», a précisé le ministre espagnol. Le ministre de l'Intérieur, Angel Acebes a par ailleurs annoncé que la police recherchait deux personnes qui ont été vues plusieurs fois montant et descendant de trains sur la ligne ferroviaire où ont eu lieu les attentats. Pour ce qui est des élections législatives qui se dérouleront le dimanche 14 mars, l'ensemble des partis politiques ont suspendu leur campagne électorale et ont annoncé l'annulation de tous leurs meetings à la suite de ces attentats sans précédent et qu'ils ont unanimement condamnés. Toutefois, il est certain que ce carnage aura certainement un grand impact sur le déroulement de l'opération électorale et sur la tendance du vote. Rappelons que, malgré leur unanimité quant à la condamnation du terrorisme, les deux principaux partis politiques du pays, le Parti Populaire (PP) au pouvoir et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) ont, des points de vue divergents concernant la manière de l'affronter. Il est à signaler que le président sortant du gouvernement, le Populaire José Maria Aznar, a, depuis son arrivée à la tête de l'Exécutif espagnol, radicalisé la position de Madrid quant au dialogue avec les mouvements indépendantistes. Les résultats des élections seront donc certainement influencés par le carnage de jeudi. Par ailleurs, au Maroc, SM le Roi Mohammed VI a eu, jeudi, un entretien téléphonique avec le Roi Juan Carlos 1er d'Espagne. Le Souverain a fait part au chef de l'Etat et au peuple espagnols de ses sincères condoléances, suite aux explosions criminelles. SM le Roi a également demandé au souverain espagnol de transmettre sa compassion aux familles des victimes et ses vœux de prompt rétablissement aux blessés. De son côté, le gouvernement marocain a fait part, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de la condamnation de ces actes criminels par le Maroc, Roi, gouvernement et peuple, et de la solidarité totale du Royaume du Maroc avec le Royaume d'Espagne dans cette tragédie. Par ailleurs, il a été confirmé qu'il existe des victimes marocaines parmi les blessés. Contacté par notre rédaction, l'ambassadeur du Maroc à Madrid, M. Abdessalam Baraka, a confirmé qu'il existe des victimes marocaines parmi les blessés. Le chef de la représentation diplomatique marocaine a aussi précisé qu'en ce qui concerne les victimes mortes, les services espagnols n'ont pas encore confirmé si des citoyens marocains y figurent. "Des cadres de l'ambassade et des services consulaires sont sur les lieux et maintiennent des contacts permanents avec les responsables espagnols et collaborent avec eux afin d'aider dans d'éventuelles opérations d'identification", a précisé M. Baraka. Enfin, le terrorisme a prouvé encore une fois qu'il n'a pas de nationalité et que la solidarité entre tous demeure l'unique manière de le combattre.