Une femme développant une addiction sexuelle et un homme sans libido. C'est rarissime dans la société marocaine. Pourtant, une écrivaine bien de chez nous a tramé cette intrigue dans un milieu purement français. «Je voulais inverser les rôles», a avancé Leïla Slimani lors d'une conférence organisée, lundi à Casablanca, dans le cadre des escales littéraires initiées par la chaîne Sofitel, autour de son premier roman «Dans le jardin de l'ogre» édité chez Gallimard. Un exploit quand même pour l'auteure et son œuvre qui n'a rien de marocain à part sa conceptrice installée en France depuis 15 ans. Dans son nouveau-né, la romancière, également journaliste pour le compte de Jeune Afrique et d'autres supports, dresse le portrait d'une «Madame Bovary contemporaine». « J'avais envie de moderniser en ajoutant l'addiction qui naît de la frustration. J'avais aussi envie d'une femme agaçante et menteuse avec des défauts égaux à ceux des hommes», enchaîne l'auteure trentenaire et originaire de Rabat. Cette obsession sexuelle chez Adèle, héroïne du roman, est doublée d'un vertige qui prend ce personnage principal, également journaliste, suite à sa décision de sombrer dans la faim pour maigrir. De quoi séduire les hommes qu'elle rencontre afin de satisfaire ses penchants sexuels à elle. Une vérité que son mari Richard, médecin de formation, finira par découvrir. Pour ne pas gâcher le charme de son écrit, Leïla Slimani s'est arrêtée, lors de la conférence, à ce niveau du récit conçu dans un style fluide. Outre Mme Bovary, l'écrivaine a fait allusion à «L'insoutenable légèreté de l'être» de Milan Kundera pour analyser l'entrée d'Adèle en sexualité. «Le seul plaisir que l'héroïne éprouve c'est quand elle ressent un écart entre son corps et son âme», explique Leïla Slimani à propos de son œuvre marquée par la présence d'un petit garçon né du mariage d'Adèle avec Richard. Une union marquée par la vacuité de la vie d'une femme qui s'ennuie. Un vide qu'elle semble combler dans l'addiction non maîtrisée. Le tout étant conçu dans une intrigue «mystérieuse» telle que son auteure l'a voulue.