Modérée par le critique littéraire Iyad Ablal, la rencontre avec l'auteure marocaine Rabiaa Raihane a réuni un parterre de journalistes et d'hommes de lettres, mardi à la salle Sehimi du SIEL. L'écrivaine, connue pour ses nouvelles littéraires, dont certaines ont défrayé la chronique, a présenté son premier roman « Tarik el Gharam » (La route de l'amour ) , non moins audacieux que les précédents. Connue pour son approche littéraire esthétique et une structure fictive essentiellement sociétale, qui met en avant les mutations de la société, à la fois marocaine et arabe, l'écrivain se frotte à des sujets osés. Son premier roman « Tarik el Gharam » traite du rapport au corps, à la fois de l'homme et de la femme, et des conflits conjugaux dans un contexte inhabituel. L'héroïne de son roman, Faouz, est mariée avec un homme qui s'avère homosexuel. Cette découverte s'ensuit d'un conflit à la fois social et personnel et un dilemme d'ordre philosophique face au rapport au corps. L'accepter ou ne pas l'accepter ? Le comprendre ou le rejeter ? L'héroïne se lance dans une quête de découverte, et entreprend des recherches intensives sur le sujet. L'auteure émaille la quête personnelle de son héroïne par des éclairages sur ce phénomène biologique, à travers les émissions télévisées occidentales, et tente de sensibiliser la société marocaine à ce grand tabou. « Ce sont des problèmes vécus par le monde entier à l'heure actuelle. Les médias et les familles se penchent sur ce sujet et des associations internationales en parlent. Dans le roman, je n'ai pas fait en sorte que l'héroïne prenne une position par rapport à ce sujet en général. Bien qu'elle soutienne la liberté individuelle et la liberté de choisir, elle reste neutre par rapport à la sexualité des autres hommes, et appréhende le problème d'une manière personnelle, s'intéressant uniquement au cas de son mari », explique l'auteure à l'issue de la rencontre. « Dilal wa khouljan » L'auteure, qui glane un parcours jalonné de petites nouvelles, a déclaré être ravie de se lancer dans l'écriture du roman. A son actif, sept volumes de nouvelles dont « Charkh el kalam (La fissure du mot)», « Dilal wa khouljan » (Ombres et baies) « Ajniha lil haki » (La parole a des ailes), « Kalam nakes » (Paroles incomplètes), dont notamment « Zoukoura » où où elle sonde, à la première personne l'épanouissement d'un jeune homme, qui découvre son corps et sa sexualité. Un roman coup de poing, qui ne manquera pas d'ouvrir les yeux des lecteurs au cheminement personnel et tortueux de ces individus toujours refusés par les sociétés arabes.