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Confessions de femmes | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 15 - 05 - 2012

Nedjma, Salwa Al Neimi, ont livré des confessions teintées d'un érotisme brûlant. Leurs récits intimes ont fait bonne recette et ces mystérieuses auteures du Maghreb et du Machrek, ont osé une écriture audacieuse.
Salwa Al Neima, poétesse et écrivain syrienne.
Une femme arabe, auteure d'un roman, n'est pas surprenant. Mais lorsqu'il s'agit en partie d'une autobiographie où l'héroïne lève le voile sur sa sexualité, difficile de ne pas être heurté par le choc des corps, et l'impact des mots. Telle fut la figure emblématique, de la première provocatrice, Nedjma, qui signait sous pseudonyme, « L'Amande ». Ce livre-événement, publié le 4 mars 2004, aux éditions Plon en France, déclinait l'érotisme au féminin. Son écriture totalement déliée, sa langue parfois crue, sa parole incisive, ayant séduit plus d'un critique, renouaient surtout avec la tradition érotique arabe, précisément quatorze siècles, à l'heure où nous mettons sous presse… On pense, notamment, au sulfureux contes des « Milles et Une Nuits », apparu au Xe siècle, puis, au manuel d'érotologie arabe, « Le Jardin parfumé », écrit au XVIe siècle par Cheikh Nefzaoui. Aujourd'hui, Salwa Al Neimi, poétesse et écrivain syrienne, qui publiait en arabe en 2007, et en français en 2008, « La Preuve par le miel », suscitait également les foudres de la polémique littéraire, publie « La Presqu'île arabe ». Les plus curieux n'est évidemment pas les réactions de pudibonderie manifestées par certains dans la communauté de ces deux auteures, mais, l'intérêt grandissant et la vive curiosité des médias occidentaux, qui semblaient découvrir, que le monde arabe, renfermait une riche et voluptueuse tradition pour l'amour du corps, au point de l'avoir immortalisé par des écrits ancestraux, entrés de surcroît, au panthéon de la postérité, et comble de la surprise, célébré et exhumé par des femmes… Et ceux qui s'insurgeaient et criaient au loup, en demandant la création d'une commission parlementaire sur le port de la burqa en France, telle, la chasse ouverte à l'inquiétant accoutrement lancé par le maire de Vénissieux, André Gérin, le 8 juin 2009, sont loin d'imaginer la complexité de la femme arabe, tiraillée entre tradition et modernité, en ayant le souci que ces deux mots ne soient pas vidés de leurs sens, tant ils ont été inscrits sur la pancarte femme. Déjà, avant Nedjma et Salwa Al Neimi, la romancière libanaise Hanan El-Cheikh, qui écrit depuis plus de vingt-cinq ans, transgressait les tabous. Dans « Babel », elle retrace la liaison de deux femmes, jugée plus acceptable par la société qu'un adultère classique. Autre audacieuse, l'Irakienne Alia Mamdouh, qui, dans « la Passion », analyse les rapports de force amoureux : la solution pour l'homme est finalement la sexualité, et non l'amour car elle lui donne du pouvoir.
Quatorze siècles d'érotisme
Salwa Al Neimi publie actuellement « La Presqu'île arabe », qui vient de sortir au Liban et sera édité en France en 2013. Salwa Al Neimi, ne nous y parle plus d'érotisme mais de la raison qui pousse tout un chacun à quitter son pays natal. Quant à Nedjma, après « L'Amande », a suivi « La Traversée des sens », publié le 5 mars 2009. Ces écrits disent peut-être sous forme de cris, lancés à la face du monde, que les femmes arabes, vivent leur sexualité et leur désir de création comme toutes les autres. Saluée par la critique française, interviewée par l'hebdomadaire féminin Elle et le quotidien français Le Figaro, Nedjma, qui devait publier l'an dernier « Toi, l'arabe », confiait que « L'Amande », résultait de la colère ressentie à la suite du 11 septembre 2001 : « Quand on est devant la télé, et qu'on reçoit des bennes d'ordures sur la gueule, parce qu'on est arabe, parce qu'on est musulman, il arrive un moment où on a envie de dire stop !(…) le choc du World Trade Center, l'Afghanistan, l'Algérie, sont des corps, des cadavres. Moi, j'avais envie de parler de corps bien vivants et appétissants, plutôt que mutilés et carbonisés ». A travers cette louange de l'érotisme féminin, le corps du récit de Nedjma, a rappelé que l'arabe est aussi la langue de l'amour. L'histoire nous a enseigné que l'évocation du corps de la femme n'a cessé de susciter attraction et répulsion : dans l'Europe d'après seconde guerre, les femmes accusées de collaboration horizontale, sont violentées et torturées, tondues, en France et en Italie. Pour revenir à la littérature, lorsque Catherine Millet publie en 2002, un livre des plus glauques sur sa sexualité, l'intelligentsia française, crie aussi, au scandale.
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