Entre attaques et contre-attaques, la course à l'élection présidentielle de fin avril prend de sérieuses allures de règlements de comptes qui relèguent au second plan le débat politique tant attendu des Français. Dans l'avion qui le ramenait d'une brève visite de campagne sur l'île de la Réunion, Lionel Jospin a entamé dimanche une conversation avec les journalistes qui l'accompagnaient. Il a alors qualifié Jacques Chirac de «fatigué, vieilli, victime d'une certaine usure et marqué par la passivité», et a estimé qu'il était «temps» que son rival s'en aille, sa réélection n'étant «pas bonne pour le pays»…. Pour le principal intéressé, cette attaque était celle de trop. Sa porte-parole de campagne Roselyne Bachelot a aussitôt dénoncé la «perte de contrôle» du candidat Jospin. «Quelle confiance peut-on faire à quelqu'un qui à l'évidence ne se maîtrise pas ?», a-t-elle ajouté. Dans un entretien paru lundi (Le Figaro), M. Chirac s'est quant à lui plaint de « l'agressivité, l'arrogance et le mépris sur la proposition et la réflexion» de certains candidats. «Cela fait des mois que l'on voit resurgir de vieilles méthodes qui consistent à salir un homme à des fins politiques, à défaut d'être capables de le battre autrement», a-t-il déploré. Réagissant directement aux propos de Lionel Jospin, le candidat RPR lui a reproché lundi d'avoir utilisé «une technique qui s'apparente au délit d'opinion, peut-être même au délit de sale gueule». «Dans un premier temps, ça m'a fait sourire, a-t-il confié. Dans un deuxième temps, je n'ai pas souri, pas pour moi naturellement, mais pour les Français». «Les Français ont droit à autre chose, à un véritable débat digne d'une démocratie», a ajouté Jacques Chirac. En attendant, les fidèles du président continuent de faire savoir tout le mal qu'ils pensent de M. Jospin. L'un a dénoncé sa «muflerie», l'autre l'a accusé d'entretenir un climat de « guerre civile ». Lundi soir, Jacques Chirac était, dans le dernier sondage SOFRES, donné perdant à 48,5 % contre son rival Lionel Jospin…