Quelque 23 millions d'Algériens sont appelés à se rendre, ce jeudi, aux urnes pour le premier tour du scrutin présidentiel, après avoir vécu la campagne électorale la plus houleuse de l'histoire de leur pays. Les électeurs auront à départager les six candidats en lice, à leur tête le président sortant Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, qui fait figure de grand favori pour décrocher un quatrième mandat de rang. Les Algériens établis à l'étranger, un peu plus d'un million d'inscrits sur les listes, ont commencé à s'exprimer, samedi dernier, dans les centres installés à cet effet dans les pays d'accueil, conformément à la loi électorale qui permet d'avancer de cinq jours le vote des expatriés par rapport au scrutin national. Dans le grand sud algérien, des bureaux itinérants ont commencé, dès lundi, à recevoir les électeurs afin de permettre aux populations des zones nomades et enclavées d'accomplir leur devoir, a indiqué une source officielle. Arrivée à terme dimanche dernier, trois jours fermes avant le scrutin, la campagne électorale (23 mars/13 avril) s'est refermée sur de graves accusations entre les camps du président Abdelaziz Bouteflika (77 ans) et de son challenger Ali Benflis, également son ancien Premier ministre et son cadet de 7 ans. Qualifiée de "la plus tendue" depuis l'instauration du pluralisme dans le pays en 1989, la campagne a été émaillée d'actes de violences ayant perturbé les meetings des candidats et entraîné l'annulation d'autres, pour cause de l'hostilité ambiance ou des risques de dérapage. Au cours de la dernière semaine de cette campagne, qui s'est déroulée en l'absence du président-candidat en raison de ses problèmes de santé, les échanges musclés entre son camp et celui de Benflis ont fait craindre le pire à l'opinion publique, qui semble avoir hâte de voir cette élection prendre fin sans conséquences fâcheuses. Les discours des candidats se sont articulés autour des généralités et des promesses vagues, sans apporter des réponses claires aux moyens de redresser une économie fléchissante à cause de l'essoufflement du secteur des hydrocarbures, de satisfaire les revendications de larges couches sociales confrontées à l'effritement du pouvoir d'achat, ou de résorber le problème endémique du chômage, entre autres. Défendant contre vents et marées le bilan de 15 ans de gouvernance et les acquis accumulés le long de trois mandats, le staff du chef de l'Etat a axé son discours sur le chantier des réformes politiques et constitutionnelles, promises dès 2011 par le chef de l'Etat dans l'effervescence du phénomène dit "printemps arabe". Les collaborateurs de M. Bouteflika ont voulu se montrer plus fédérateurs quand il s'agit exclusivement de cette thématique, en annonçant l'ouverture d'un débat élargi et participatif pour l'élaboration d'une nouvelle Constitution avant la fin de l'année. Outre Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, candidat malheureux en 2004, deux autres postulants ont déjà pris part à la course pour le Palais d'El Mouradia, à savoir la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, qui s'est présentée à deux reprises en 2004 et 2009, tout comme le président du Parti Ahd-54, Ali Faouzi Rebaine. Le plus jeune des prétendants à la magistrature suprême, Abdelaziz Belaïd, président du Front El Moustakbal, et Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), font leur baptême.