Les syndicats sont bien décidés à faire vivre au gouvernement une rentrée sociale très chaude. Les relations entre les deux parties frôlent quasiment la rupture. Avec un dialogue social au point mort depuis des mois et des relations tendues, voire conflictuelles, les centrales syndicales s'impatientent et décident de faire entendre leur voix à l'Exécutif. L'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) s'apprête à convoquer ses instances dans les prochains jours. «La situation actuelle ne peut perdurer encore plus. C'est pour cette raison que les instances de notre syndicat vont se réunir prochainement afin d'étudier les mesures adéquates à prendre en réponse à l'absence d'un dialogue sérieux et constructif avec le gouvernement», affirme Ahmed Kafi Cherrat, coordinateur général de l'UGTM. Et de poursuivre : «La rentrée sociale sera chaude parce que nous devons mettre un terme à cet attentisme. Le dialogue social est un acquis et non pas une faveur des responsables. Nous avons l'impression que le gouvernement s'est passé des syndicats et des classes ouvrières dans la prise de décisions. C'est pour cette raison que la prochaine rentrée doit absolument faire revenir les choses à leur cours normal». Au-delà de la reprise du dialogue social, les centrales syndicales entendent faire pression pour revoir la méthodologie et le déroulement de ce même dialogue. «Toutes les précédentes rencontres avec le gouvernement s'apprêtaient beaucoup plus à des réunions d'information dans lesquelles les responsables gouvernementaux informaient les syndicats de leurs décisions. Or, le dialogue social doit ouvrir un débat sur des dossiers bien précis en écoutant les points de vue des syndicats afin de déboucher sur des décisions concertées», conclut Kafi Cherrat. Même son de cloche à l'UMT dont le secrétaire général ne cache pas le malaise des composantes de son syndicat. «Nous constatons avec amertume que le gouvernement continue de jouer le rôle du spectateur face à de véritables scandales qui touchent de larges catégories de salariés marocains», déclare-t-il. Le numéro un de l'UMT annonce ainsi l'intention de son syndicat d'adresser pour commencer un mémorandum au gouvernement dans les prochains jours. «Nous avons prévu d'adresser un mémorandum au chef de gouvernement au début du mois de septembre sur la situation sociale actuelle et sur les revendications sociales en plus de notre point de vue sur des dossiers importants qui concernent les salariés et fonctionnaires marocains», poursuit-il. Et de conclure : «Il suffit d'avoir une véritable volonté politique chez le gouvernement pour aboutir à un vrai dialogue social qui prend en compte les attentes des partenaires sociaux». Quelle sera alors la réponse du gouvernement. Il faut dire que l'équipe de Benkirane se trouve dans une situation délicate. Le gouvernement qui a perdu sa majorité au Parlement, peine à former une nouvelle sans oublier que sa marge de manœuvre est de plus en plus réduite en raison de la situation délicate des finances publiques. Les centrales syndicales avaient déjà adressé un premier avertissement à l'Exécutif en boycottant le dernier round du dialogue social. Les syndicalistes menacent aujourd'hui de passer une prochaine étape pour une rentrée sociale encore plus chaude.