La majorité a évité de justesse une nouvelle crise entre ses composantes à la Chambre des représentants. Après une vive polémique, le projet de loi définissant les principes du découpage territorial a été finalement adopté en commission. «La commission de l'Intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville a adopté hier dans la matinée le projet de loi en question par la majorité des voix contre une seule abstention», affirme Abdelkader Tatou, vice-président du groupe parlementaire du Mouvement populaire. L'adoption de ce texte a été rendue possible après le deal passé entre le président du groupe parlementaire du PJD (Parti de la justice et du développement), Abdellah Bouano et le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire, Mohamed Moubdie. «Nous avons eu un débat franc autour des aspects du projet de loi qui avaient suscité un débat. Finalement, nos alliés au sein du PJD ont été convaincus grâce aux éclaircissements apportés notamment par le ministre de l'intérieur», ajoute M. Tatou. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le vote du projet de loi était plus menacé par les divergences entre les membres de la majorité parlementaire, en particulier le MP et le PJD, que par les partis de l'opposition. Le parti de la lampe entendait introduire plusieurs changements à la mouture du texte adoptée en premier lieu par la Chambre des conseillers. Il projetait notamment de renforcer le rôle du chef de gouvernement. De même, le PJD voulait que le découpage territorial ne soit plus une décision réglementaire mais qu'il fasse plutôt l'objet d'un décret, débattu au sein du Conseil de gouvernement. Ces amendements n'ont pas trop plu aux députés du MP parce que ces propositions réduisaient, même indirectement, la marge de manœuvre du ministre de l'intérieur, Mohand Laenser, également secrétaire général du Mouvement populaire. Les divergences entre les groupes parlementaires des deux partis alliés avaient atteint un tel degré que le vote du texte avait été reporté une première fois. Mais le PJD a fini par céder en retirant les propositions d'amendements avant l'opération de vote. Si les responsables des deux partis affirment que leurs réunions ont permis de rapprocher les points de vue des uns et des autres, les observateurs parlent plutôt d'une décision tactique des Pjdistes. La décision de ces derniers a évité à la majorité l'éclatement d'une nouvelle crise et l'ouverture de facto d'un deuxième front pour le PJD avec le MP, un parti qui est resté neutre dans le bras de fer qui oppose le parti de la lampe au parti de l'Istiqlal. A noter que le projet de loi adopté en commission sera transféré maintenant au bureau de la première Chambre avant d'être soumis au vote lors d'une séance plénière de la Chambre des représentants probablement dans une quinzaine de jours. Rappelons que la Chambre des conseillers avait adopté le projet quelques semaines auparavant. n