Le PJD (Parti de la justice et de développement) ne sait plus à quel saint se vouer. L'Istiqlal n'est plus le seul à demander un remaniement au sein de la majorité parlementaire. Une majorité déjà fragilisée par d'innombrables divergences internes. Après l'Istiqlal dont le secrétaire général, Hamid Chabat, ne cesse de clamer haut et fort que le remaniement ministériel est une priorité pour lui, c'est au tour du Mouvement populaire d'emprunter le même chemin. Contacté par ALM, Mohamed Moubdie, membre du bureau politique du parti et président de son groupe parlementaire à la première Chambre, n'a pas infirmé ces informations affirmant plutôt que des députés du Mouvement populaire demandent de plus en plus un remaniement. Le MP pourra ainsi être le deuxième parti à faire une telle demande qui risque de perturber encore plus la majorité. Le parti de l'épi reste une composition essentielle dans la majorité dont il est la troisième force parlementaire avec 32 parlementaires et 4 ministres au sein du gouvernement. «Nous vivons dans un contexte mondial et national particuliers auquel il faut bien s'adapter au fur et à mesure. Dans ce sens, si les conditions pour procéder à un remaniement sont réunies, je ne vois personnellement pas d'inconvénients à effectuer des réajustements sur la composition actuelle du gouvernement», explique Mohamed Moubdie. Et de poursuivre : «Cela dit, le remaniement reste une question purement constitutionnelle dont la procédure est claire et connue. De notre côté, le Mouvement populaire a des instances qui vont se prononcer officiellement et clairement sur la question au moment opportun». Pour leur part, les dirigeants du PJD gardent leur mutisme, se contentant d'affirmer qu'aucune demande officielle pour un remaniement n'a été faite pour l'instant. Mais le parti n'a probablement pas calculé les changements des directions politiques de ses alliés au Parlement et au gouvernement. Si le PJD a choisi de garder pratiquement la même équipe dirigeante à l'issue de son congrès national avec à sa tête Abdelilah Benkirane, les autres partis de la majorité n'auront pas les mêmes décisions. Ce fut le cas avec le parti de l'Istiqlal qui a choisi Hamid Chabat pour succéder à son secrétaire général sortant Abbas El Fassi. Le même scénario risque de se répéter au Mouvement populaire. Bien que son congrès ne soit programmé qu'en 2014, la course à la succession de Mohand Laenser, secrétaire général et ministre actuel de l'Intérieur, est déjà ouverte. Le timing du remaniement peut-il avoir un lien avec le prochain congrès ? En tout cas, plusieurs candidats se positionnent déjà notamment Mohamed Ouzzine et Lahcen Haddad, respectivement ministres de la jeunesse et des sports, et ministre du tourisme. Abdelkader Tatou, membre du bureau politique, et Assaid Ameskane, secrétaire général adjoint, ne cachent pas leur intérêt pour le fauteuil du leader. Cette course commence déjà à se répercuter sur les instances du parti. Son groupe parlementaire est le premier à hausser le ton. «Certes, une coopération existe entre le groupe parlementaire et le bureau politique mais nous voulons aller vers plus de complémentarité entre ces deux instances», ajoute M. Moubdie. Il faut dire que les groupes parlementaires et le bureau politique vivent une véritable crise depuis quelques semaines déjà. Tout avait commencé lorsque des députés se sont rebellés contre Ameskane qui gère les affaires du parti à la place de Mohand Laenser, trop pris par ses fonctions au sein du ministère de l'intérieur. Un remake de la course au secrétariat général de l'Istiqlal risque de se répéter au Mouvement populaire. Reste maintenant à savoir l'impact de cette course à la fois sur le parti mais également et surtout sur la majorité gouvernementale.