Ce qui devait arriver, arriva. L'Istiqlal est passé à l'acte. Au terme de la réunion de son conseil national samedi 11 mai, le parti a annoncé officiellement sa décision de quitter le gouvernement. Si l'annonce a eu l'effet d'un séisme politique, une telle situation étant une première, il faut dire que la décision du parti de la balance était très prévisible au vu de la dégradation de ses relations avec le PJD depuis plusieurs mois. Les clashs répétés et les déclarations et contre-déclarations entre les deux partis avaient fini par créer un climat de tension à tel point que la sortie de l'Istiqlal n'était devenue plus qu'une question de temps. C'est que depuis son arrivée à la tête du parti, Hamid Chabat n'a pas cessé de crier haut et fort ses positions, ses divergences avec le PJD et, en sa qualité de premier allié dans la majorité, son droit de regard sur les grandes décisions du gouvernement. Sauf que durant des mois, les revendications de Chabat ont tout simplement été ignorées. C'est dire que l'opinion publique s'y attendait. C'est plutôt la suite de cet événement inédit dans l'histoire politique et constitutionnelle du pays qui tient en haleine aujourd'hui non seulement les microcosmes politique et économique du pays, mais la société tout entière. Le retrait de l'Istiqlal n'est donc que le début d'un épisode qui promet d'être très intéressant. A lire : Le conseil national décide le retrait du cabinet Benkirane Et la suite a commencé pratiquement quelques minutes après l'annonce de la décision du conseil national du parti de la balance de claquer la porte de la majorité. Dans un communiqué rendu public samedi soir à Rabat, par le comité exécutif, le parti annonce que SM le Roi Mohammed VI a contacté par téléphone le secrétaire général du parti, Hamid Chabat, l'a assuré du grand intérêt que Sa Majesté accorde à cette question et l'a invité à maintenir les ministres du PI au sein de l'actuel gouvernement dans le souci de préserver le fonctionnement normal du gouvernement, sachant qu'un mémorandum sera soumis au Souverain par le secrétaire général. «Le parti de l'Istiqlal (PI) adhère totalement à la volonté royale de garantir les conditions de stabilité et de servir les intérêts supérieurs de la Nation», a ajouté le communiqué. Les ministres istiqlaliens restent donc au gouvernement en attendant les prochains développements. Au-delà de l'impact politique de la décision du PI, sa sortie du gouvernement est déjà considérée par les observateurs de la scène politique comme un vrai électrochoc, un coup de pied dans la fourmilière. Une année et demie après sa formation et les différends quasi quotidiens entre ses composantes, le gouvernement avait fini par entrer dans un état de fébrilité chronique et son action devenue prisonnière de querelles entre alliés plus qu'autre chose. C'est donc tant mieux, disent les mêmes observateurs, si l'Istiqlal a décidé de passer à l'acte. D'abord, commentent les analystes, «ce qui se passe actuellement est la preuve que notre climat politique est sain et qu'il fonctionne désormais selon les règles démocratiques». D'un autre côté, et contrairement aux craintes nourries par certains, la décision de l'Istiqlal implique forcément un changement dans la configuration du gouvernement. Ce sera donc l'occasion, pour le PJD ou autre, de faire des réajustements au sein de l'équipe de manière à ce que le gouvernement réponde au mieux à la situation économique et sociale actuelle du pays. Une telle reconfiguration suppose bien entendu de faire le bilan de tout un chacun sur les 18 premiers mois du mandat et d'opérer les changements qui s'imposent. A lire : L'Istiqlal claque la porte : Cinq scénarios envisageables pour le PJD Les partis politiques, notamment les trois alliés de l'Istiqlal, mesurent la portée des enjeux de la nouvelle page de l'histoire politique du pays qui s'écrit actuellement. Majorité comme opposition sont déjà entrées en conclave. Car la sortie du PI n'est qu'un premier acte. Le deuxième a déjà commencé. A suivre…