Face aux critiques qui ciblent sa gestion gouvernementale, le PJD commence à réfléchir à un scénario d'une sortie du gouvernement et donc l'appel à des élections législatives anticipées. Cette probabilité a été soulevée lors de la réunion du secrétariat général le week-end dernier sous la présidence du secrétaire général et chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le secrétaire adjoint et l'un des porte-parole du parti, Slimane Amrani, reconnaît que le scénario a été proposé. «L'un des membres du secrétariat général a effectivement évoqué une sortie de notre parti du gouvernement et l'appel à des Législatives anticipées, mais cette idée n'est pas l'ordre du jour actuellement au sein du PJD», affirme-t-il. Et de poursuivre: «Cette proposition ne fait pas encore le consensus au sein du secrétariat général. Si un jour nous constatons qu'une sortie de la majorité est la solution adéquate, nos instances décisionnelles notamment le conseil national vont trancher». Les responsables du parti de la lampe sont mécontents des critiques virulentes que leurs alliés au gouvernement notamment l'Istiqlal adressent au parti. «Nous suivons les sorties médiatiques de certains responsables. Malheureusement, nous constations que ces derniers ont de plus en plus recours à un discours d'un niveau très bas pour critiquer un gouvernement dont ils sont membres», explique le secrétaire général adjoint du PJD. Et d'ajouter: «La majorité a une charte et des instances. Ses membres peuvent donc partager leurs remarques et propositions sur les affaires du gouvernement. Or, nous constatons que certains responsables avec un pied dans l'opposition et un autre dans la majorité utilisent notamment la presse pour passer leurs messages». Les relations entre le PJD et l'Istiqlal sont très tendues notamment depuis l'arrivée de Hamid Chabat à la tête du parti de la balance. Ses sorties médiatiques et des déclarations tonitruantes agacent les PJDistes. Quelques mois auparavant, l'Istiqlal avait adressé à son allié au gouvernement un mémorandum dans lequel il critique la gestion gouvernementale. Un autre document a été adressé au PJD il y a quelques semaines contenant des propositions pour améliorer l'Etat des finances publiques. Mais aucune suite n'a été donnée au sein de la majorité à cette initiative. La décision du gouvernement de couper dans le budget d'investissements 15 milliards de dirhams, a mis le feu aux poudres. Plusieurs dirigeants istiqlaliens notamment le secrétaire général du parti ont fortement critiqué cette mesure. Les relations entre les deux premières formations de la majorité se dirigent vers l'escalade. «Si un allié n'est plus d'accord avec la gestion du chef de gouvernement, il n'a qu'à prendre une décision qui le réconfortera», conclut M. Amrani. A noter que le parti de l'Istiqlal devra organiser au cours du mois d'avril une session de son conseil national. Ses membres devront vraisemblablement discuter du maintien ou du départ de leur parti de la majorité.