«On est dans la logique du n'importe quoi». Les propos émanent d'un haut responsable au sein de l'Istiqlal critiquant le PJD (Parti de la justice et du développement). La teneur de ces propos montre bien que la tension entre le parti de la balance et son principal allié au sein du gouvernement a atteint son summum. Depuis son arrivée à la tête du parti, le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal, Hamid Chabat, multiplie les sorties médiatiques critiquant le rendement du gouvernement. Dans le plateau d'une émission télévisée, le leader de l'Istiqlal a remis en cause un certain nombre de décisions prises par le gouvernement Benkirane. Un représentant de l'opposition sur le même plateau a brandi une lettre adressée par un ministre au sein du gouvernement qui en critique un autre. La situation pourrait devenir encore plus complexe dans les prochains jours. La confrontation entre le PJD et l'Istiqlal ne fait ainsi que commencer. «En une année, le gouvernement est entré en confrontation avec le patronat, les syndicats, la majorité et l'opposition. Chabat a donc raison de réagir. Le parti de l'Istiqlal veut surtout ramener les choses à une ligne médiane et recentrer le travail du gouvernement sur les réalisations plus que le show politique», explique un membre du comité exécutif de l'Istiqlal ayant requis l'anonymat. Et de poursuivre: «Le spectacle politique offert au citoyen ne pourra pas faire recette pendant tout le mandat du gouvernement. Les citoyens veulent des résultats en fonction des promesses du PJD lors de la campagne. On leur a promis notamment un taux de croissance à 7% et un salaire minimum de 3.000 DH. Il faut aujourd'hui se poser des questions sur la capacité à tenir ces promesses». Comment l'Istiqlal compte-t-il alors procéder pour accélérer le rythme des réalisations du gouvernement ? Le nouveau secrétaire général du parti a déjà officialisé sa demande de remaniement ministériel. Reste à savoir si Chabat se contentera d'un changement de casting ou s'il renégociera le nombre de portefeuilles. Mais quels que soient ses objectifs, le numéro un de l'Istiqlal a déjà réussi à placer son parti sur le devant de la scène. «A travers certaines sorties médiatiques et certaines décisions politiques, il donne l'impression de demander plus qu'un simple remaniement ministériel. Certes, le leader de l'Istiqlal veut adresser des messages aux membres de son parti à travers les demandes de remaniement, mais ce plafond a été dépassé dans certains cas», explique le politologue Abderrahim Manar Sellimi. Et de conclure : «Le parti de l'Istiqlal est en train de changer véritablement. Auparavant, les leaders du parti se contentaient d'observer la scène politique avant de prendre des décisions. Aujourd'hui, le nouveau secrétaire général n'hésite pas à prendre les devants. Il semble même entrer en confrontation directe avec le chef de file de la majorité». En attendant le remaniement qui pourrait intervenir en 2013 selon des sources partisanes, les istiqlaliens ne comptent pas rester les bras croisés. Une source au sein du parti nous informe qu'un mémorandum sera bientôt finalisé avant d'être envoyé notamment au PJD afin de réclamer l'amélioration du rendement du gouvernement.