L'Istiqlal et l'UGTM ont réussi une vraie démonstration de force ce 1er mai. La manifestation du parti et de son syndicat a connu une très grande affluence à Rabat. Les premières estimations des organisateurs parlaient de 80.000, voire 100.000 participants des 16 régions du Royaume. Hamid Chabat, qui est à la fois secrétaire général de l'Istiqlal et leader de l'UGTM, a démontré la capacité du parti et du syndicat à mobiliser les foules. Ce fut le premier message à forte valeur symbolique adressé par Chabat à son principal allié au gouvernement, le PJD (Parti de la justice et du développement). Bien que le 1er mai soit un rendez-vous syndical avant tout, cette année le discours politique a pris le meilleur sur les revendications sociales. Dans ce sens, Hamid Chabat a décidément voulu que son apparition à Rabat soit très symbolique. Il a ainsi donné une allocution face aux milliers de participants, arborant un habit traditionnel des provinces du Sud du pays. Le SG de l'Istiqlal a profité de l'occasion pour parler du dossier du Sahara puisant son discours dans les constantes de son parti défendant la marocanité du Sahara et même certains territoires qui se trouvent en Algérie. A noter d'ailleurs que la manifestation de l'UGTM a connu une participation remarquable et remarquée des populations qui ont fait le déplacement du Sud du Royaume. La question du Sahara étant traitée, Chabat n'a pas manqué de parler des décisions gouvernementales, tirant à boulets rouges sur le PJD. Revenant sur la dernière coupe budgétaire de 15 milliards de dirhams sur les crédits alloués à l'investissement, il a ouvertement accusé son allié de mener une politique politicienne et électoraliste. Chabat a laissé entendre que le PJD, constatant que les élections n'auraient pas lieu en 2013, a pris la décision d'ajourner 15 milliards de dirhams d'investissements pour 2014 afin de mettre toutes les chances de son côté au cours des prochaines élections locales et régionales. Ces graves accusations pourraient rendre les relations entre l'Istiqlal et le parti de la lampe beaucoup plus tendues. Mais Chabat ne s'est pas arrêté là. Il a affirmé que le PJD n'est pas capable de gérer la crise actuelle. Il a ajouté que les subventions des produits de base, accordées dans le cadre de la Caisse de compensation, constituent une ligne rouge de laquelle il ne faut pas s'approcher. En se positionnant comme le garant au sein de la majorité gouvernementale de la satisfaction populaire concernant le rendement de l'Exécutif, l'Istiqlal met clairement en garde le PJD contre une réforme basée sur une décompensation des produits subventionnés. Et comme pour retourner le couteau dans la plaie, le SG de l'UGTM a même fait l'éloge de la gestion de l'ancien secrétaire général de l'Istiqlal et prédécesseur de Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement, Abbas El Fassi, saluant sa décision en 2011 d'augmenter les salaires des fonctionnaires de 600 dirhams.