Hamid Chabat est chef d'un parti politique et en même temps secrétaire général d'un syndicat important. Il dispose d'une rare force de frappe politique. Le chef du gouvernement est le premier à en faire les frais. Aziz Rebbah, le ministre des Transports aussi. Accroche : Au PJD, on se demande, légitimement d'ailleurs, si le double patron de l'Istiqlal et de son syndicat l'UGTM ne se bat pas pour des questions partisanes et non pour l'intérêt du pays et des citoyens. Par: Hakim Arif Le calvaire du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane vient de son allié le plus fort, le parti de l'Istiqlal, ou plutôt de son secrétaire général, fraîchement élu. Hamid Chabat a créé une situation inédite au Maroc, en tenant entre ses mains les destinées d'un parti membre du gouvernement et d'un syndicat fort, l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM). Le jeu de Hamid Chabat est difficile à comprendre par un chef de gouvernement qui a donné l'impression, aussitôt après sa prise de fonction, de vouloir imposer la vision du parti de la Justice et du Développement aux autres membres de la coalition. Le ministre des Transports, Aziz Rebbah, est sans doute le ministre qui souffre et souffrira encore de cette situation. Déjà confronté à des critiques plutôt acerbes concernant les fameuses listes des agréments de taxis et de carrières, il faut encore faire face à la grève des professionnels du transport. Ils ont lancé un premier mouvement les vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre qu'ils ont décidé de prolonger de 72 heures. Un mouvement soutenu par... le syndicaliste Hamid Chabat. Le ministre de tutelle campe sur ses positions et dit à qui veut bien l'entendre, qu'il ne se soumettra pas à ceux qui veulent lui tordre le bras. Il a prévenu le secrétaire général de l'UGTM que le domaine des transports ne devrait pas faire l'objet de surenchères politiques, mais apparemment, son message était adressé à H. Chabat, l'allié du gouvernement. Le destinataire est difficile à déterminer. En tout cas Hamid Chabat, trouve là l'occasion de fouetter Abdelilah Benkirane, de plus en plus excédé par les demandes pressantes du patron de l'Istiqlal. Aziz Rebbah a d'ailleurs insisté sur le fait que la réforme des transports est une affaire du chef du gouvernement. L'affaire n'est pas encore tranchée. Les professionnels du transport sont décidés à résister à la réforme gouvernementale qui institue les cahiers des charges en lieu et place des autorisations habituelles. La tension risque d'augmenter. Les députés du PJD ont assuré leur ministre de leur soutien lors de la réunion de leur groupe au Parlement. Plus encore, le député Bouanou a incité ses collègues à faire pression sur les walis et gouverneurs afin qu'ils utilisent toutes leur autorité pour protéger les transporteurs non grévistes rassemblés au sein du syndicat du PJD, l'Union nationale des travailleurs marocains. Loin des transports, Hamid Chabat n'a pas irrité seulement le chef du gouvernement. Lahcen Elouardi, le ministre PPS de la Santé, est lui aussi sous les feux. Il lui est reproché d'avoir décidé de retenir 30 000 DH par mois sur le salaire du secrétaire général du ministère Rahal Mekkaoui. Le ministère de la Santé, qui explique que la décision vient du ministère des Finances, ajoute que ce département s'est rendu compte que le secrétaire général du ministère a bénéficié de 180 000 DH d'indemnités non justifiées et qu'il doit les restituer. Le secrétaire général du ministère de la Santé est membre du comité exécutif du parti de l'Istiqlal. Au PJD, on se demande, légitimement d'ailleurs, si le double patron de l'Istiqlal et de son syndicat l'UGTM ne se bat pas pour des questions partisanes et non pour l'intérêt du pays et des citoyens. Dans le cas des transports justement, il s'agit d'en finir avec les méthodes d'antan qui manquaient de rigueur et autorisaient des pratiques pas très légales.