Pas besoin de rappeler le rôle clé du secteur du tourisme dans l'économie nationale: 7,5% du PIB, 6,6% de la population active occupée et 14,8% des recettes de la balance des paiements en 2010. Mais, le rôle névralgique que joue ce secteur interpelle continuellement les pouvoirs publics en vue de maximiser les retombés de ce secteur sur la croissance et l'emploi. Dans une note d'information sur le secteur du tourisme au Maroc, la DEPF revient sur le bilan des réalisations de la «Vision 2010», et tente de décrire les raisons des écarts constatés par rapport aux objectifs tracés. Aux yeux des analystes de la DEPF (Direction des études et de la prévision financière), la particularité de ce secteur réside particulièrement dans son taux élevé d'ouverture, lui permettant certes de bénéficier de la globalisation des processus de production de service, des financements et des marchés de consommation, mais le confrontant, aussi, à une série de défis dont, notamment, la hausse de la compétitivité, la baisse des flux d'investissement et la décélération des dépenses de consommation. Le dynamisme soutenu qui a caractérisé l'activité touristique nationale à partir de 2001 a été interrompu en 2008, sous l'effet d'une dépression généralisée de l'économie mondiale. En effet, les arrivées touristiques ont enregistré une décélération de leur rythme de progression qui a oscillé autour de 6% au cours des deux dernières années, avec près de 7,9 millions de touristes en 2008 et 8,3 millions en 2009. Les arrivées touristiques enregistrées en 2010 ont atteint 9,3 millions de touristes, en progression de 11% par rapport à l'année précédente. La tendance baissière caractérisant l'activité touristique nationale en 2008 et 2009, s'est soldée par des écarts entre les réalisations et les objectifs fixés dans la «Vision 2010». Ainsi, les arrivées touristiques en 2010 (9,3 millions de touristes) correspondent à un écart de 7% par rapport aux 10 millions de touristes ciblés par la «Vision 2010». La capacité d'hébergement est passée de 97.000 lits en 2001 à 164.600 lits en 2009 ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 6,7%. Si ce rythme de progression se maintient, la capacité d'hébergement devrait atteindre 174.180 lits, soit un écart de 24% par rapport aux 230.000 lits prévus dans le cadre de la stratégie touristique nationale. Par ailleurs, la participation du secteur touristique aux recettes en devises a atteint près de 56,1 milliards de dirhams en 2010, soit 440,6 milliards de dirhams sur la période 2001-2010, concrétisant ainsi 82% des objectifs assignés dans le cadre de la Vision 2010. Les recettes ont été plus touchées par la crise de 2008-2009 avec une baisse annuelle moyenne de 5,1% alors que les arrivées ont maintenu leur hausse témoignant, ainsi, de la compressibilité plus accentuée des dépenses des touristes dans le contexte de crise. Cette élasticité a été également perceptible au niveau des nuitées qui se sont contractées de 2% sur la période 2007-2009, reflétant le recours des touristes, à des voyages de courte durée durant les périodes de crise. Aussi, les nuitées ont enregistré une progression annuelle moyenne de 3,9%, passant de 12,7 millions en 2001 à 18 millions en 2010. Concernant le Plan Azur, deux stations sont déjà opérationnelles depuis 2009. Il s'agit de «Mediterrania Saïdia (Saïdia)» et «Mazagan Beach Resort (El Jadida)», et deux autres seront livrées en 2011 «Mogador (Essaouira)» et «Port Lixus (Larache)». L'avancement des autres travaux a été entravé par un ensemble de difficultés liées au contexte international difficile qui a affecté négativement les aménageurs. Ces derniers n'ont pas pu injecter suffisamment de fonds pour faire avancer leurs projets. Notons dans ce cadre les difficultés rencontrées par la station de Taghazout dont l'aménagement a été confié en juillet 2006 à «Colony Capital» dans le cadre d'une convention avec le Gouvernement. A cause de la crise économique mondiale, le groupe américain n'a pas pu honorer les dispositions de la convention et les délais convenus, ce qui a conduit le Gouvernement à rompre ce contrat en avril 2009. La station de Taghazout a finalement fait l'objet en septembre 2010 d'un protocole d'accord entre la SMIT, la CDG, le groupe Alliance Développement Immobilier, Colony Capital et la société Sud Partners projetant le développement d'un « éco resort » touristique de faible densité et d'une capacité de 8.000 lits. Marrakech en pôle position Sur le plan régional, la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz se positionne en première place en termes de nuitées avec 6,3 millions de nuitées enregistrées en 2010, soit 35% du total des nuitées enregistrées au Maroc. La région de Souss-Massa-Draâ arrive en deuxième rang avec 5,8 millions de nuitées ce qui correspond à une part de 33%. Les poids des autres régions restent relativement faibles par rapport aux deux premières, avec 9% (1,6 million de nuitées) pour le Grand Casablanca, 7% (1,3 million de nuitées) pour Tanger-Tétouan, 5% (843,2 mille nuitées) pour Fès-Boulemane, 4% (798,2 mille nuitées) pour Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et 3% (471,1 mille nuitées) pour Meknès- Tafilalet. En termes de dynamique de croissance des nuitées entre 2001 et 2010, Marrakech-Tensift-Al Haouz réussit une croissance de 6% (3,7 millions en 2001 à 6,3 millions de nuitées en 2010 contre 3,7 millions en 2001) ; 3,51% pour le Grand Casablanca (1,63 millions en 2010 contre 1,04 en 2001). Les deux autres principales destinations, à savoir Tanger-Tétouan et Souss-Massa-Draâ, ont réalisé de faibles taux de croissance de leurs nuitées avec respectivement 3,1% (1,31 millions en 2010 contre 992,55 mille en 2001) et 2,4% (5,8 millions en 2010 contre 4,7 millions en 2001). Notons enfin la remarquable performance réalisée par les deux régions touristiques émergentes de Doukkala-Abda et de l'Oriental avec des nuitées qui ont évolué respectivement de 5,53% et 5,15% par an entre 2001 et 2010. Quant à la configuration régionale de la capacité d'hébergement, elle ne diffère pas de celle des nuitées. Ainsi, la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz occupe également la première place sur la base de cet indicateur avec 57,3 mille lits et 33% de la capacité litière globale du Maroc, suivie par la région de Souss-Massa-Draâ avec 42,6 mille lits et 24% de la capacité litière globale nationale. Les poids des autres régions restent relativement faibles par rapport aux deux premières, avec 9% pour le Grand Casablanca et Tanger-Tétouan (plus de 14,8 mille lits), 5% pour Fès-Boulemane et Meknès-Tafilalet (plus de 8,6 mille lits) et 4% pour Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (6,8 mille lits). Du côté du taux d'occupation, et sur la base de la moyenne des 10 dernières années, c'est la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz qui occupe la première place avec un taux d'occupation moyen de 57%, soit 12 points de plus que la moyenne nationale (45%). Cette région a toutefois perdu 12 points par rapport à 2001 pour atteindre un taux d'occupation de 50%. Recettes/PIB : le Maroc, 1er en Méditerranée En termes de poids des recettes touristiques dans le PIB touristique indirect, c'est le Maroc qui vient en premier avec un pourcentage de 58%, suivi par la Tunisie (53%), l'Egypte (43%) et la Turquie (36%). En se référant aux recettes par touriste, le Maroc se trouve également à la tête de ses concurrents avec 949,87 dollars, suivi par l'Egypte (915,40 dollars), la Turquie (906,35 dollars) et la Tunisie (499,50 dollars). Seulement voilà : en rapportant les recettes touristiques à la population de chaque pays, c'est la Tunisie qui se démarque avec 362,66 dollars, suivie par la Turquie (347,56), le Maroc (264,26) et enfin l'Egypte (136,89).