7% d'écart entre les prévisions et les réalisations. Le dynamisme prévu par la «Vision 2010» a été interrompu depuis 2008 à cause de la crise mondiale. Le PIB touristique a atteint 50 milliards de dirhams en 2009. La Vision 2010 n'a pas tout à fait atteint ses objectifs. Un écart a été constaté dans les résultats de la fameuse stratégie touristique nationale. Pas très méchant, mais pas sans conséquences non plus. Une étude récemment réalisée par la Direction des Etudes et des Perspectives Financières (DEPF) vient faire le bilan du tourisme marocain au cours de l'année 2010. Année charnière sans doute dans la mesure où ce secteur, qui reste à la merci d'un climat mondial marqué par des perturbations, est en mutation constante. Le Maroc doit donc faire face à une concurrence de plus en plus prononcée. Raison pour laquelle il a opté pour la promotion du secteur touristique à travers la «Vision 2010». Cette dernière s'est articulée autour de plusieurs chantiers susceptibles de déclencher une dynamique de développement durable et intégré du secteur : la diversification du produit, le renforcement de la formation, la libéralisation de l'aérien, le développement du marketing, l'amélioration de l'environnement touristique… Ainsi, de 2001 à 2008, le secteur a connu un certain dynamisme. Vint ensuite une dépression généralisée de l'économie mondiale qui a conduit à la stagnation et à l'interruption de ce processus d'évolution. En effet, les arrivées touristiques ont enregistré une décélération de leur rythme de progression qui a oscillé autour de 6% au cours des deux dernières années. Pour l'année 2010, le Maroc a été la destination de près de 9,3 millions de touristes. Très bon chiffre, mais en décalage d'un peu plus de 7% par rapport aux 10 millions de touristes escomptés par la «Vision 2010». Quant à la capacité d'hébergement, le constat est moins heureux. Les résultats sont à 24% d'écart de ceux voulus par les stratèges. En effet, avec un taux de croissance annuel de 6,7%, le Maroc est passé de 97.000 lits en 2001 à 164.600 lits en 2009. Avec le maintien de ce rythme, la capacité d'hébergement du Royaume devrait atteindre 174.180 lits. Cette élasticité a été également perceptible au niveau des nuitées qui se sont contractées de 2% sur la période 2007-2009, reflétant le recours des touristes à des voyages de courte durée durant les périodes de crise. Le tourisme interne se porte plutôt bien. Deux régions touristiques émergentes ont pu réaliser une remarquable performance. Il s'agit en effet de Doukkala-Abda qui a évolué de 5,53% et de l'Oriental qui a connu un taux de progression de 5,15%, et ce entre 2001 et 2010. Ces régions ont su améliorer leurs capacités d'hébergement avec une croissance annuelle moyenne de 9% pour Doukkala-Abda et de 13,4% pour l'Oriental. Hausse majoritairement due à la concrétisation du Plan Azur dans ces deux régions, leur permettant, ainsi, d'augmenter leur capacité hôtelière de respectivement 45% et 71% en 2009, date d'ouverture des deux stations balnéaires de Saïdia et de Mazagan. Offre peu diversifiée Du point de vue macroéconomique, le PIB touristique a atteint 50 milliards de dirhams en 2009, soit une hausse annuelle moyenne de 8,4% entre 2001 et 2009. Cette hausse ne pourrait occulter la décélération enregistrée durant la période de crise (7,6% entre 2005 et 2009 contre 9,2% de 2001 à 2005). Les retombées de cette dernière apparaissent davantage dans la part du PIB touristique dans le PIB qui a reculé de 0,3 point, passant de 7,1% en 2005 à 6,8% en 2009 contre une hausse de 1 point durant 2001-2005, soit une hausse de 0,7 point sur la période 2001-2009. Il faut dire que la crise économique et financière a tapé fort sur le tourisme marocain. Les plans d'austérité annoncé par l'Espagne, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont très négativement affecté le moral des ménages européens, les poussant ainsi à réduire leur budget consacré aux voyages. Il ne faut cependant pas tout faire endosser à la crise. La structure touristique marocaine laisse à désirer. L'offre est peu diversifiée et concentrée dans quatre grandes villes seulement, à savoir Marrakech, Agadir, Casablanca et Tanger. L'offre touristique globale est axée sur le balnéaire avec une part de 23%. Chose qui ne rend pas la tâche facile pour le Maroc qui est mis en concurrence directe avec les autres pays du pourtour méditerranéen. Il s'agit essentiellement de l'Egype, de la Tunisie et de la Turquie. S'ajoute à cela la dimension régionale, caractérisée par sa faible présence dans les politiques de promotion des investissements touristiques au Maroc. De plus, la faible diversification des marchés ciblés rend le secteur touristique national fortement sensible. Cette sensibilité est liée à la conjoncture économique européenne surtout. En effet, la demande émane essentiellement de six principaux pays (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, Belgique et Allemagne) qui s'accaparent près de 75% du flux des touristes étrangers. Conséquences.. L'écart constaté entre les arrivées touristiques effectives et l'objectif de 10 millions de touristes fixé par la «Vision 2010» n'est pas sans effet sur le plan macroéconomique et sectoriel. En effet, cet écart devrait se traduire par des manques à gagner respectifs de 0,16% et de 0,03% en termes de PIB réel et d'emploi. L'ampleur de ces manques à gagner reste néanmoins limitée vu la faiblesse de l'écart estimé qui ne dépasse pas 7% et vu la contribution du tourisme au PIB national qui ne dépasse pas 6,8%. Sur le plan sectoriel, l'impact devrait se faire sentir essentiellement dans la branche des hôtels et de la restauration et dans la branche du transport. En effet, la forte contribution de ces deux branches à la valeur ajoutée du tourisme (32,23% pour les hôtels et restaurants et 16,64% pour le transport) les rend extrêmement sensibles au comportement de l'activité touristique nationale. D'après les écarts constatés, il paraît clair que la plupart des indicateurs touristiques n'ont pas atteint en 2010 les objectifs initialement escomptés; mais tous, sans exception, affichent une nette progression par rapport à 2001. Reste à savoir si les autorités sauront en tirer les bons enseignements pour une mise en œuvre, cette fois-ci réussie, de la «Vision 2020».