La mairie de Tanger a-t-elle perdu son nord ? C'est la question que se posent les habitants de la capitale du Détroit qui assistent avec angoisse à la dégradation et l'instabilité qui secouent et déraillent le train de la gestion de la chose locale dans leur ville. La session ordinaire du mois de février, consacrée notamment à l'examen et l'approbation du compte administratif au titre de l'exercice de l'année 2010, s'est débouchée sur l'effritement de la majorité. Le nouveau maire, fraîchement porté aux commandes de la mairie, Fouad El Omari, vient d'être lâché par la majorité des élus à la première épreuve. Le résultat de l'opération de vote est sans équivoque. 59 voix ont été contre son projet alors qu'une seule était pour. Alors que cette session est à sa troisième séance à cause des reports en raison du quorum non atteint précédemment et des tiraillements qui déchirent la majorité. C'est pratiquement le même constat à Casablanca où la session n'a pas pu être tenue jeudi dernier. Dans les deux mairies, les élus réclament les documents nécessaires aux dépenses et recettes relatives à l'année 2010. Les deux mairies sont dirigées par des coalitions fortement dominées par les partis de l'Authenticité et modernité (PAM), l'Union constitutionnelle (UC) et le rassemblement des indépendants (RNI). Des majorités hétéroclites et non unies par un programme commun ou encore une vision globale pour gérer la mairie. Le projet des comptes administratifs de 2010 dans la ville de Tanger prévoit des recettes de l'ordre de 636,36 millions de DH, en plus d'un montant à recouvrir de 498,25 millions de DH, contre des dépenses chiffrées à plus de 965,53 millions de DH. Les élus ayant voté contre ce compte ont appelé à l'ouverture d'une enquête à propos des dépenses qu'ils ont jugées faramineuses et injustifiées. C'est pratiquement la même demande qui a été formulée par les élus de la commune de Casablanca qui est arrivée depuis jeudi dernier à une situation de blocage. Cet état de choses montre clairement que le projet de gouvernance locale signé par les partis de l'authenticité et modernité (PAM), l'Union constitutionnelle (UC) et le Rassemblement des indépendants (RNI) est tombé à l'eau jusque quelques mois après sa mise en oeuvre.