La scène publique nationale est emplie ces temps-ci par un mouvement d'agitation d'idées sur cette donne que personnifient les jeunes du Facebook. En termes d'idées, la brise qu'apportent ces jeunes est totalement perçue comme un bloc monolithique que d'aucuns remettent ou n'osent discuter encore moins remettre en cause quant au fond. Tout le monde semble être subjugué par la capacité de cette frange de la population à se réapproprier une parole confisquée au nom du sacro-saint principe du politiquement correct observé par les acteurs politiques classiques et conventionnels. Aidés par la dynamique créée par les soulèvements à travers le monde arabe, les jeunes marocains, à l'aise par ailleurs avec les NTIC, se sont retrouvés occupant les avant-postes de la contestation et de la revendication du changement. Aujourd'hui, les reproches les plus acerbes sont adressés aux partis politiques en place qui n'ont pas pu ou su décrypter à temps les signaux envoyés par ces jeunes. Le hiatus ainsi constaté s'explique par l'attitude jugée par trop conservatrice des organisations politiques. Il faut bien reconnaître que la majorité des partis politiques ont de tout temps réservé un espace pour les différentes catégories de leurs militants. Ils ont ainsi choisi de mettre les jeunes et la femme dans des organisations parallèles. Et dans le meilleur des cas, l'on concède un quota pour ces mêmes catégories de militants. Ces structures sont le plus souvent gérées comme des sortes de «ghettos» que l'on tolère. Des sortes d'appendices en matière organisationnelle. Certains, par contre, s'en défendent et estiment que ces espaces sont des hauts lieux d'apprentissage du métier politique. Or, nous avons constaté que les organisations parallèles adossées aux partis politiques n'ont que très peu de moyens et d'opportunités pour s'exprimer. Le séjour dans ces structures, considérées comme des antichambres de l'action politique à proprement parler, s'éternise et les leurs locataires ont du mal à quitter leur squatte à défaut d'une promotion interne réelle et valorisante. Résultat des courses, on se retrouve avec des leaders d'organisations de jeunesse quadra sans lien réel avec l'air du temps. Cette situation de fait a perduré depuis un moment. Et les états major des différentes formations politiques se sont révélés incapables de se mettre au diapason des changements de cultures qui animent les jeunes et, du coup, ces derniers regardent les partis comme des citadelles imprenables. Les écarts entre les deux se sont de plus en plus creusés, à tel point que les canaux de communication sont tout bonnement obturés sinon inexistants. Les initiatives prises par certains partis politiques, ici et là, semblent relever plus de la réaction spontanée, que de l'action stratégique. Il y a dans l'air comme un sentiment de vouloir se rattraper par rapport à cette prise de parole décapante des jeunes sur la place publique. Ces développements doivent inciter les partis politiques à considérer la question de la jeunesse comme une composante essentielle de leur paradigme et non plus un ornement de leurs discours et programmes électoraux.