On a l'impression que l'essentiel du débat politique est hébergé chez les organisations de la société civile. Et c'est tant mieux si cela peut servir à faire avancer les notions de démocratie et installer des modes de fonctionnement complémentaires entre les deux parties. On a l'impression que l'essentiel du débat politique est hébergé chez les organisations de la société civile. Et c'est tant mieux si cela peut servir à faire avancer les notions de démocratie et installer des modes de fonctionnement complémentaires entre les deux parties. Des modes de fonctionnement qui ne permettent pas de chevauchements ou de conflit de compétence... Cela reste une impression, vu que le débat politique en soi manque cruellement. Dès lors, une question revient comme un leitmotiv : la société civile est-elle là pour remplacer les partis politiques ou est-ce le complément qui pallie les insuffisances ? On ne peut formuler de réponse, mais une chose est sûre : les véritables débats politiques sont l'émanation des discussions au sein des associations de la société civile plus qu'ils ne le sont des formations politiques. En fait, il n'y a pas de mal à ce que les choses se passent selon cette vision. Sauf qu'il s'agit de définir les champs d'action des partis et des organisations de la société civile. Ces dernières ont-elles pour vocation de jouer leur rôle de contrepoids, de régulateur du politique ou sont-elles en train de prendre la place des politiques ? Sont-elles indépendantes des formations politiques – ce qui serait l'idéal, puisque c'est la règle du jeu – ou sont-elles des excroissances des partis politiques? Les relations entre les deux sont-elles régies par des normes délimitant le champ d'intervention des uns et des autres ou par des liens de subordination, faisant des composantes de la société civile des antichambres de partis politiques? L'occasion de ces questionnements nous a été donnée par le débat organisé jeudi dernier par l'Association Alternatives, sous le thème « Où va le Maroc ? » Un thème éminemment politique et un débat où il y avait tout le gotha de la vie politique, chefs de partis en premier lieu. Il n'est certes pas interdit que les dirigeants politiques assistent, voire contribuent à ce genre de débat. Mais, en même temps, les acteurs de la société civile doivent avoir plus d'autonomie organisationnelle, plus d'indépendance intellectuelle et de courage politique pour dire aux politiques là où ça ne marche pas. Autrement, le débat dans son ensemble sur le rôle de la société civile reste biaisé. Ce qui est préjudiciable pour l'acte démocratique dans son ensemble…