Les trafiquants de drogue patentés, les faillis, les ripoux, les escrocs, les démagogues, les filous et tout ce que la vie publique marocaine a produit, de crémeux et de ragoûtant, ces dernières années, tous se bousculent aux portillons pour avoir l'aval des partis politiques, même les plus sérieux, pour les prochaines échéances électorales. Quand un parti politique important s'autonomise, d'une manière irrationnelle, par rapport aux enjeux que vit le pays, c'est une vraie catastrophe. Quand ce même parti croit qu'il ne représente que la somme, parfois nulle, que peuvent représenter ses personnalités, c'est un vrai problème. Quand ce parti oublie son devoir, la conjoncture nationale et les facteurs éminemment politiques qui fondent sa participation à la vie publique pour s'égarer dans des calculs de clochers, d'intérêts personnels plus ou moins significatifs et de rentes de situation particulièrement obsolètes, il se saborde. Ce parti peut s'appeler actuellement l'USFP, l'Istiqlal, le MP, l'UC ou le RNI, peu importe. Ils sont tous aujourd'hui dans le même sillage désolant et dangereux. Méthodiquement et soigneusement, ils fabriquent avec une conscience aiguë une défaite électorale annoncée. Pas pour eux, mais pour le pays. Ils jouent à qui perd perd avec une désinvolture consternante. Et à cet effet, ils font de gros efforts. Et tant pis pour nous. Alors en dix leçons, voilà comment ils font pour arriver à ce résultat presque suicidaire et quasi irresponsable. 1 - Recycler les ripoux des autres partis en les investissant. 2 - Parachuter les apparatchiks dans des régions qui leur sont étrangères. 3 – Casser ceux qui sont naturellement bien implantés. 4 – Promettre aux militants récalcitrants, pour mieux les endormir et mieux les amadouer, un avenir, notamment municipal ou communal meilleur. 5 – Laisser croire, et surtout laisser faire, les forces de l'argent. 6 – Dire que Saïd Chbaâtou a un avenir politique socialiste dans ce pays. 7 – Laisser croire que l'ANAPEC va faire travailler 30 000 jeunes marocains, en les dépouillant, dans des bateaux de croisière rutilants neufs dans des conditions paradisiaques. 8 - Donner une prime aux dinosaures usés de la politique marocaine en barrant la route aux jeunes sous le prétexte que la modernité a besoin de l'expérience avachie des anciens qu'il ne faut jamais confondre avec la sénilité avancée des jeunes qui ont vieilli dans les antichambres des partis. 9 – Croire, et laisser sous-entendre, que la démocratie est une combine inventée par le pouvoir pour que quand tout change rien ne change. 10 - Affirmer qu'un parti dont le secrétaire général est battu aux élections ne se fera plus inviter aux cérémonies officielles, ce qui, entre nous, serait une bonne chose, même quand ils sont triomphalement élus dans des circonscriptions usurpées à des jeunes ou à des gars du terroir. À l'heure tardive où nous mettons sous presse, ces dix commandements sont respectés par tous les partis politiques nationaux et les autres aussi. C'est une fierté pour notre pays. Une garantie pour sa pérennité, sa stabilité et son tourisme. Les trafiquants de drogue patentés, les faillis, les ripoux, les escrocs, les démagogues, les filous et tout ce que la vie publique marocaine a produit de crémeux et de ragoûtant ces dernières années, tous se bousculent aux portillons pour avoir l'aval des partis politiques, même les plus sérieux, pour les prochaines échéances électorales. Déjà les barbus hirsutes se fendent la gueule devant autant de bonnes dispositions à leur égard. Alors, messieurs, encore un effort, et on dégoûtera à jamais les Marocains des élections pour en faire des porteurs de gandoura qui vendent de l'encens aphrodisiaque et anti-rhumatismal à la sortie des mosquées. Quant au caleçon revigorant anti-prostate, je ne vous dis pas. Il se vend comme des petits pains depuis qu'Abou Hafs a décidé de se raser la barbe momentanément pour laisser passer la tornade.