Selon des chiffres du ministère, près 69.348 accidents de la circulation ont été enregistrés au Maroc pour la seule année 2009, coûtant la vie à près de 4000 personnes. Le nombre des accidents a augmenté de 18,67 % et celui des décès a enregistré une hausse de 6,45 % en 2009 par rapport à la moyenne de la période 2004-2008. Des chiffres qui interpellent et qui ne peuvent laisser personne indifférent. Fléau, hécatombe, drame, tels sont quelques uns des termes les plus employés pour désigner ce que l'on a coutume d'appeler accident de la route ou accident de la voie publique (AVP). Des accidents de la route, il y en a tous les jours dans les quatre coins de la planète, toutes les villes sont concernées par ces drames inhérents dans la majorité des cas à l'homme. Le Maroc n'échappe pas au phénomène des accidents de la route, non seulement il n'échappe pas, mais il détient le triste record des AVP. En effet on enregistre chaque jour un nombre phénoménal d'accidents de la route et le plus désolant, le plus grave c'est que la route au Maroc tue plus qu'en France, Allemagne, Italie, Turquie ou Espagne. Les accidents de la route ne font pas que des blessés graves, dont le diagnostic est parfois très réservé, mais des centaines et des centaines d'handicapés à vie, avec tout ce que cela représente comme prise en charge lourde, rééducation, insertion parfois très difficile, perte d'emploi, incapacité de subvenir aux besoins de sa famille, drame social. Toutes les études relatives aux accidents de la route s'accordent sur des chiffres qui donnent froid au dos : plus de 10 morts/jour, plus de 140 blessés / jour. Devant cette hécatombe qui prend de plus en plus d'ampleur chaque jour, devant cette guerre sans nom, devant ce fléau des temps modernes, les principaux acteurs impliqués dans la lutte contre les accidents de la route font preuve d'un manque flagrant d'imagination pour juguler cette hémorragie. Les différentes instances de réflexion chargées du dossier des accidents de la route (ministères de l'Equipement et du transport, de l'intérieur, Comité national de prévention des accidents de la route) ont fait des études, émis des avis, rédigé des rapports qui sont allés grossir les archives des différents ministères en charge du dossier des accidents de la route. Cela fait des décennies qu'on nous rabat les oreilles avec le fléau des accidents de la route, des pertes en vies humaines, de l'état des véhicules, des permis de conduire, des visites techniques, du non respect du code de la route, de la corruption, de l'état des routes. Piètres excuses ! Tous les responsables savent où se situe le problème... Tant que l'abus persistera, tant qu'on ne mettra pas un terme aux dépassements des brebis galeuses, tant que séviront les chauffards sur nos routes (camion- autocar-taxi blanc – taxi rouge …) On déplorera toujours des accidents meurtriers sur nos routes. Et il serait illusoire de croire que le nouveau code la route sera le sésame qui permettra de mettre un terme à ces accidents qui causent des décès par milliers chaque année, c'est à croire que l'on est sur un champ de bataille. Des campagnes, toujours des campagnes... Le problème des accidents de la route, qui sont responsables de milliers de morts chaque année, sans oublier leur cortège des citoyens qui resteront handicapés à vie, à ceci de particulier : c'est l'engouement énigmatique dont font preuve certains responsables chargés de veiller sur la prévention et la lutte contre les accidents de la route. Chaque année, c'est le même rituel : on mobilise des jeunes garçons et des jeunes filles auxquels on apprend quelques phrases que ces pauvres vont seriner tout au long de plusieurs journées au niveau de certains ronds points bien en évidence à Rabat et à Casablanca, comme c'est le cas ces derniers jours. Il en est de même pour certains spots télévisés qui ont eu le mérite de faire peur plus qu'autre chose , alors que l'objectif recherché reste celui de faire prendre conscience en toute lucidité et non de provoquer des cauchemars chez les téléspectateurs, surtout les plus jeunes. Laxisme meurtrier Nous avons encore en mémoire le terrible accident de la route qui a eu lieu près de la ville de Fnideq et qui a causé la mort de 09 étrangers, celui survenu prés de la ville de Settat ou encore l'accident qui a causé plusieurs morts et blessés sur la route d'El Jadida … La liste est longue et chaque jour apporte son lot funèbre de morts et de blessés. C'est dire tous les drames quotidiens que connaissent nos routes. A côté des pertes humaines qui sont tout simplement dramatiques, il y a la douleur des familles qui perdent des êtres très chers, des enfants à la fleur de l'âge, un mari, une épouse, un frère, une sœur. Les chiffres sont effrayants et se passent de tout commentaire : près de 4000 morts, des centaines de milliers de blessés, une perte sèche de 11 milliards de dirhams pour l'économie nationale, soit 2,5% du PIB. Cette situation a la particularité de durer et de s'aggraver d'année en année. Il y a donc quelque chose qui cloche dans le système. Le nouveau code est en soi une très bonne initiative, à coup sûr. Il va permettre à certains de réfléchir sérieusement avant de commettre l'irréparable. Tout en adhérent à ce projet et tout en appelant nos concitoyens à se conformer à la loi, nous souhaitons que cette loi soit la même pour tous. Des actions dissuasives et répressives Il faut entreprendre des actions dissuasives contre les contrevenants, des actions fermes, qui soient motivées, transparentes, justes et efficaces pour lutter comme il se doit contre la guerre des routes. Il faut mettre un terme définitif aux agissements de certains agents qui portent atteinte à l'image du corps auquel ils appartiennent, car de leurs agissements, de leurs comportements dépendra l'échec ou la réussite du nouveau code de la route. C'est pourquoi, nous ne pouvons que dénoncer le silence et parfois le désintérêt qui sont enregistrés au moment où des milliers de citoyens sont fauchés à la fleur de l'âge par des chauffards qui, dans bien des cas, ne sont pas inquiétés outre mesure. Bien plus, ils continuent de semer la mort et la désolation. On ne peut nier les efforts qui sont entrepris à l'occasion de tel ou tel événement, mais la prévention routière ne peut se concevoir tant qu'il y aura des abus : excès de vitesse, conduite en état d'ébriété, non respect du code de la route, utilisation du téléphone portable au volant, intervention des relations, corruption … En d'autres termes, la persistance et l'aggravation des accidents de la route sont étroitement liées à la même cause qui prévaut depuis des décennies : il s'agit comme chacun l'aura deviné du laxisme, du je m'en foutisme et de tant d'autres maux qui sont connus de tous . Nous gardons espoir de voir les choses changer en mieux pour le plus grand bien des citoyens grâce à la mobilisation de tous (automobilistes – motocyclistes – piétons), au sérieux, à la vigilance et à la dextérité des agents de police chargés de la circulation routière, la gendarmerie Royale et l'engagement de la justice afin que les choses changent, et que la quiétude et la sécurité des usagers de la route soient non pas un slogan, un spot télévisé, mais une réalité sur le terrain. Il est grand temps d'en finir avec les accidents de la route. La réprobation est collective, les citoyens sont pour des actions répressives.