Nabil El Bousaadi Au moment même où, en voulant profiter de la tenue de la 79ème assemblée générale des Nations-Unies, il est venu à la tribune pour accuser les Nations-Unies d'antisémitisme et désigner l'Iran comme étant l'artisan d'une guerre à « six fronts », le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé à la communauté internationale que l'Etat hébreu va poursuivre ses hostilités contre le Hezbollah libanais tant que ce dernier attaque Israël et contre le Hamas palestinien tant que celui-ci ne se rend pas et ne libère pas les otages. Au cours de cette allocution qui a fait suite au rejet, par le chef de la diplomatie israélienne, de la proposition franco-américaine d'une trêve des hostilités entre son pays et le Hezbollah et qui a été ponctuée par les sifflets et les huées d'une bonne partie de l'assistance alors que de nombreux diplomates avaient quitté la salle au moment même où Netanyahou s'apprêtait à prendre la parole, le Premier ministre israélien s'est affublé, comme à son accoutumée, du costume de victime n'ayant pas d'autre choix que celui de défendre ses concitoyens contre le terrorisme et la barbarie. Au vu de la manière avec laquelle Benyamin Netanyahou narguait l'assistance, tout honnête citoyen aurait du mal à comprendre comment le Premier ministre d'un pays qui a fait du terrorisme une politique d'Etat et dont l'armée poursuit, depuis une année, cette opération génocidaire de grande ampleur dans l'enclave Palestinienne de Gaza qui s'est soldée, à ce jour, par la mort de plus de 41.000 personnes, peut encore affirmer le front haut que son pays se défend contre le terrorisme. D'ailleurs, quelques instants plus tard, les chaînes de télévision du monde entier avaient commencé à diffuser, en boucle, les images montrant le bombardement intensif qui a frappé la banlieue sud de Beyrouth, sans épargner ni les femmes, ni les enfants ni les vieillards, et abouti à l'assassinat du leader du Hezbollah Hassan Nassrallah dont la disparition n'a laissé personne indifférent tant il était omniprésent sur la scène proche-orientale. Ainsi, si les autorités de Tel Aviv se sont félicitées de cet assassinat, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, craignant la tournure que pourraient prendre les évènements, s'est dit, quant à lui, « très inquiet de la dramatique escalade » et la République islamique iranienne, qui arme et finance le Hezbollah, a réagi en déclarant, dans un communiqué, que la « ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait » en dépit de sa disparition. Et, si le vice-président iranien, Mohammad Javad Zarif, a saisi cette occasion pour exprimer ses condoléances à l'occasion de la tragique disparition du « symbole de la lutte contre l'oppression », les autorités iraniennes ont décrété cinq jours de deuil et érigé un drapeau noir au sanctuaire de l'imam Reza, le principal lieu de culte chiite du pays situé dans la ville de Machhad, au nord-est de l'Iran. En outre, dans un communiqué rendu public après l'annonce de l'assassinat du leader chiite, le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré que « le peuple syrien n'oubliera jamais son soutien » et que « l'entité sioniste confirme, à travers cette agression méprisable, une fois de plus [...] son dédain du droit international ». En lui emboitant le pas, le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, a condamné cette « attaque honteuse » et ce « crime » à travers lequel l'Etat hébreu a « franchi toutes les lignes rouges » alors que, pour les insurgés yéménites houthis, la mort du leader chiite Hassan Nassrallah va tellement « renforcer » la détermination des membres du Hezbollah qu'elle les mènera à « la victoire et à la disparition de l'ennemi israélien ». En accusant Israël de préparer un « génocide » au Liban, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé les « attaques brutales » et « le massacre » qui ont visé le Hezbollah et coûté la vie à des centaines de civils qui sont, désormais, « la nouvelle cible de la politique de génocide, d'occupation et d'invasion menée par Israël depuis le 7 Octobre » et fermement condamné cette politique qu'« aucune personne dotée de conscience ne peut accepter, excuser ou justifier ». Mais si le président palestinien, Mahmoud Abbas, a dénoncé une « agression brutale », la Russie, qui a fermement « condamné » l'assassinat du chef du Hezbollah, a appelé Israël à « cesser immédiatement » ses frappes au Liban alors que Berlin a estimé que la déstabilisation du Liban « n'est pas dans l'intérêt de la sécurité d'Israël » et que, dans un communiqué, l'Italie a rappelé « la nécessité de mener tous les efforts diplomatiques pour relancer les canaux de dialogue entre les parties en conflit ». Enfin, en se félicitant de la mort du leader chiite Hassan Nassrallah qu'ils assimilent à une « victoire », les autorités de l'Etat hébreu ne font qu'attiser un brasier déjà fumant car, à l'analyse, le Hezbollah n'est pas seulement un groupement de combattants ayant les armes à la main mais un état d'esprit et une philosophie dont l'objectif premier est la défense du Liban à telle enseigne que si, pour l'heure, c'est l'incertitude totale qui règne dans la région proche-orientale, rien n'indique, néanmoins, que le mouvement chiite libanais va disparaître avec la mort de son leader et il serait inconvenant de croire que l'assassinat de Hassan Nassrallah ne pourrait pas donner, au Hezbollah, l'occasion de prendre un nouvel essor. Quoiqu'il en soit, attendons pour voir…