Les 10.000 soldats formant la Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban (FINUL), stationnée au pays du cèdre depuis 1978 après l'invasion et l'occupation d'une partie du sud Liban, par cette armée israélienne qui n'a quitté les lieux que le 16 Juin 2000 alors même que son offensive avait été fermement condamnée par la résolution 425 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, ont bien du mal à contre-carrer l'escalade de la violence entre Israël et le Hezbollah, le mouvement chiite libanais de Hassan Nassrallah, et se trouvent, désormais, dans l'incapacité de « restaurer la paix et la sécurité » pour lesquelles ils avaient été clairement mandatés il y a plus de quatre décennies. Or, en l'absence de tout canal de communication entre l'Etat hébreu et le Hezbollah, la présence de la FINUL reste indispensable car elle est la seule force apte à prévenir un « basculement » dans une guerre totale du fait du drame humanitaire et du génocide en cours dans l'enclave palestinienne de Gaza. La zone frontalière entre le Liban et Israël étant soumise, depuis le 7 Octobre dernier, à d'intenses bombardements quotidiens, les multiples frappes israéliennes qui avaient ciblé, durant la seule journée du mercredi 14 Février, plusieurs villages de la bande frontalière ainsi que la ville de Nabatiyeh, située à une vingtaine de kilomètres de la frontière, se sont soldées par la mort d'au moins 10 personnes civiles parmi lesquelles 7 membres d'une même famille, dont des enfants en bas âge, lorsque leur appartement avait été visé par un drone au moment où ils dînaient. S'il s'agit-là du bilan civil le plus lourd enregistré en quatre mois de violences au cours desquels 268 personnes, dont 40 civils, auraient été tuées dans le sud du Liban, et 16, dont 6 civils, côté israélien, il y a lieu de préciser, également, que, d'après des informations provenant de sources sécuritaires, trois membres du Hezbollah qui se trouvaient dans l'immeuble visé ce mercredi ont péri au cours de cette attaque et que parmi ces derniers figurait Ali Mohammad Debs, un responsable militaire du parti chiite qui appartenait à l'unité d'élite Al-Radwan et qui avait déjà échappé à une première frappe ciblée. Mais, en rappelant que « les frappes visant des civils sont des atteintes à la loi internationale et des crimes de guerre », le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenenti, a exprimé sa profonde inquiétude « face aux destructions et aux pertes humaines », appelé « les parties impliquées à cesser immédiatement les hostilités » et mis en garde ces dernières contre « une transformation inquiétante au niveau des hostilités le long de la ligne bleue ». Pour rappel, la « ligne bleue » constitue la frontière entre le Liban et Israël, depuis qu'elle avait été tracée, le 7 juin 2001, par l'Organisation des Nations unies (ONU), après le retrait israélien intervenu le 25 mai 2000 et concrétisant la fin d'une occupation qui avait commencé en juin 1982. C'est dire que la situation est tellement explosive qu'une simple « balle perdue » qui échapperait, par mégarde, à l'un ou l'autre des belligérants pourrait donner lieu à une déflagration qui, non seulement embraserait la région, mais atteindrait même ces autres endroits de la planète où, pour voler au secours de leurs frères palestiniens, certains « combattants » ont déjà le doigt sur la gâchette mais attendons pour voir...