Des flots de réfugiés libanais ont repris lundi le chemin du retour, dès que les armes se sont tues après l'entrée en vigueur de l'accord de cessation des hostilités. La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu a prévu une cessation des hostilités. Israël et le Hezbollah ont dit "oui". La paix de principe résistera-t-elle à l'envie de tuer bien développée par manque de principes ? Pas sûr. Le document prévoit aussi un retrait de l'armée israélienne du Liban sud concomitant au déploiement de 15.000 soldats libanais, appuyés par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), avec des effectifs portés de 2.000 à 15.000 hommes et un mandat renforcé. Soit une nouvelle page pour un vieux roman : «Guerre et paix». Après l'entrée en vigueur de l'accord entre Israël et la milice chiite, les armes se sont tues mettant ainsi fin à un mois d'une guerre dévastatrice. Par milliers, les familles libanaises qui avaient fui sous les bombes ont commencé à rentrer chez elles. Aux abords de la ville de Saïda, porte d'entrée au Liban sud, de gigantesques bouchons, de plusieurs centaines de voitures, se sont formés, paralysant la route du sud. À Tyr, la ville portuaire 40 kilomètres plus au sud, ravagée, coupée du reste du pays depuis une semaine, bombardée encore aux dernières heures du conflit, les réfugiés sortaient de leurs abris, sales, épuisés, prêts eux aussi à se précipiter pour retrouver leurs villages. Dans l'est du pays aussi, des centaines de voitures venues de Syrie franchissaient la frontière avec le Liban, s'engageant sur la route trouée de cratères. Mais, alors que les habitants de la zone frontalière du nord d'Israël avaient pour consigne de rester dans leurs abris, le ministre de la Défense israélien, Amir Peretz a prévenu qu'Israël agirait "avec détermination" contre tout retour du Hezbollah au Liban sud. Il a toutefois assuré qu'Israël n'avait aucunement l'intention de "s'enliser dans le bourbier libanais". Des milliers de soldats israéliens sont toujours déployés au Sud-Liban et ne devraient pas se retirer complètement tant qu'une force internationale de maintien de la paix et des troupes libanaises ne sont pas arrivées dans le secteur. Environ 1.100 Libanais, essentiellement des civils, ont été tués ainsi que 156 Israéliens, dont 116 soldats, depuis le début de l'offensive israélienne le 12 juillet. Les Israéliens disent avoir tué 530 combattants du Hezbollah, qui, de son côté, n'a reconnu que 80 morts. La trêve intervenue en début de matinée a donné d'autre part le signal de l'acheminement de l'aide humanitaire : le Programme alimentaire mondial (Pam) a dépêché à Tyr 24 camions chargés de vivres, de médicaments et d'abris de fortune. Les Casques bleus de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) et l'armée libanaise ont entrepris de déblayer et réparer les routes pour permettre l'acheminement de l'aide aux 100.000 habitants du Sud-Liban qui étaient isolés par les combats. Le Hezbollah, qui n'est pas partie prenante dans la résolution, s'était engagé "à ne pas faire obstacle aux décisions du gouvernement" libanais, sans cependant s'engager à désarmer. Désormais, plusieurs questions restent en suspens : Que deviendront les combattants du Hezbollah une fois les soldats libanais seront déployés au sud ? Vont-ils livrer leur arsenal à l'armée libanaise ? Ou bien vont-ils réintégrer les troupes libanaises ? Chose que l'Etat hébreu n'acceptera pas. Le Hezbollah, lui, n'est pas prêt à déposer les armes. Au contraire, le conflit n'a fait que renforcer la position de la milice tout en fragilisant celle du gouvernement libanais. Malgré l'accord de paix, une simple étincelle risque d'enflammer à nouveau la région. Il a y donc de quoi rester sceptique. Renforcement de la Finul : le Maroc y prendra part La composition de la Force internationale de l'ONU qui doit se déployer au sud du Liban sitôt les troupes israéliennes retirées reste toujours à définir. Plusieurs pays ont donné leur accord pour participer au renforcement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), a indiqué dans un communiqué le bureau du Premier ministre libanais Fouad Siniora. Il s'agit du Maroc, de l'Indonésie, de l'Italie, de la Turquie, de l'Espagne et de la Malaisie. Les pays mentionnés, souligne le communiqué, ont exprimé la condition que «toutes les parties libanaises concernées acceptent leur participation». «M.Siniora a eu hier des entretiens avec le Roi du Maroc, S.M. Mohammed VI, le président indonésien Susilo Yudhoyono, le Premier ministre italien Romano Prodi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre Espagnol Jose Louis Zapareto et le Premier ministre malaisien Abdullah Ahmad Badawi», précise le communiqué.