Nabil El Bousaadi A l'issue des élections législatives qui se sont déroulées, ce dimanche, en Slovaquie, c'est le parti Smer-SD, ancien parti social-démocrate devenu nationaliste, de Robert Fico, 59 ans, ancien Premier ministre de 2006 à 2010 et de 2012 à 2018, qui a occupé la première place en recueillant près de 24% des suffrages exprimés, devançant, ainsi, le parti libéral « Slovaquie progressiste » (PS), qui a obtenu 16,86% des voix et le parti de centre-gauche « Hlas-SD » (Voix), qui a fermé la marche avec 15,43% des suffrages. Ce nouveau retour aux commandes du pays d'un homme qui symbolise la corruption n'est pas pour plaire aux médias locaux qui lui reprochent toujours d'avoir été contraint à la démission, en Mars 2018, du fait de l'assassinat du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova car ce dernier avait dénoncé, dans un article paru à titre posthume, la corruption qui gangrène l'élite du pays et notamment les personnes liées à Robert Fico et à son parti. Aussi, pour arrondir les angles et tenter de rassurer ses lecteurs, le quotidien indépendant « Dennik N. », estime que bien qu'elle signifie que « la Slovaquie démocratique a perdu » en dépit d'une participation qui avec 68,5% est la plus importante depuis 2002, la victoire de Fico malgré ses cinq points d'avance sur le parti libéral Slovaquie progressiste, reste relative. Aussi, même si l'ancien Premier ministre controversé qui, pendant la campagne électorale avait appelé à de meilleures relations avec la Russie et s'en était pris à l'Union Européenne et à l'OTAN, a gagné ce scrutin tout en promettant de ne plus envoyer « une seule munition » à l'Ukraine, « ce n'est pas la fin du monde » du moment que le pays « ne lui appartient pas » et qu'il n'a pas obtenu le nombre de suffrages qui lui permettrait de former un gouvernement sans qu'il ait besoin de l'appui d'autres formations politiques. Considérant que le résultat du scrutin de ce dimanche est « une mauvaise nouvelle pour (le) pays, pour (la) démocratie, pour (la) primauté du droit, pour (le) statut international, pour (les) finances et pour l'économie » du pays, Michal Simecka, le chef du PS, a déclaré que son parti fera « tout ce qu'il peut » pour empêcher Robert Fico de gouverner car il reste convaincu qu'un gouvernement dirigé par le parti « Smer » pourrait avoir de graves conséquences pour la région puisqu'en sa qualité de membre de l'Union européenne et de l'OTAN, la Slovaquie avait toujours appuyé les sanctions contre la Russie et même fourni des équipements militaires à l'Ukraine. Or, tout cela pourrait changer avec l'arrivée d'un gouvernement dirigé par Robert Fico qui en plus de reprocher aux « nazis et (aux) fascistes ukrainiens » d'avoir mis le Président Poutine au-devant de la nécessité d'envahir l'Ukraine, a fait part de son intention de réexaminer « les arrangements de sécurité » qui avaient permis aux Etats-Unis d'exploiter des bases militaires en Slovaquie. Etant, par ailleurs, très proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, Robert Fico qui a annoncé que son pays a des « problèmes plus importants » que l'aide à apporter à Kiev, va, sans nul doute, se joindre, à son homologue hongrois pour dénoncer, d'une même voix, le soutien apporté par l'UE à l'Ukraine et, bien entendu, s'abstenir de condamner son invasion par la Russie. Tout indique que l'arrivée de Robert Fico à la tête du gouvernement de Bratislava va faire perdre à l'Ukraine un de ses principaux alliés dans sa guerre contre la Russie mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI