Quand l'UNICEF s'inquiète de la hausse des enlèvements de femmes et de mineurs à Port-au-Prince, la capitale de Haïti, c'est que çà va vraiment mal mais reconnaissons, tout de même, qu'il est difficile qu'il en soit autrement dans la mesure où les gangs de narco-trafiquants contrôlent 80% de la ville. Mais, si ce lundi 7 Août, l'agence onusienne précitée a annoncé que près de 300 femmes et mineurs ont été enlevés par les groupes armés durant les 6 premiers mois de l'année 2023 et que ce chiffre correspond à la totalité des rapts de femmes et d'enfants qui eurent lieu en 2022, c'est donc que les enlèvements de femmes et d'enfants connaissent une hausse exponentielle et que ceci est effrayant. En rappelant, par ailleurs, que la situation sécuritaire qui n'en finit pas de se détériorer s'accompagne de cette grave crise humanitaire, économique et politique qui secoue ce petit pays des Caraïbes où aucune élection n'a pu avoir lieu depuis 2016, l'UNICEF déclare que « près de 5,2 millions de personnes soit près de la moitié de la population – dont 3 millions d'enfants – ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence ». Considérant, en outre, qu'étant donné que « les écoles sont régulièrement attaquées », la population civile vit « dans une terreur constante », l'agence onusienne déplore, également, le fait que « le système de santé est au bord de l'effondrement » car la violence des gangs a provoqué une augmentation de 30% de la malnutrition infantile, de plus en plus sévère, si bien qu'actuellement près d'un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique et que tout indique que près de 115.600 enfants vont souffrir, durant cette année, de la forme de dénutrition la plus mortelle qui soit. Autant de raisons pour lesquelles, lors de la visite qu'il avait effectué à Haïti, début-juillet, et au cours de laquelle il avait rencontré le Premier ministre Ariel Henry, certains dirigeants politiques, des membres de la société civile et du personnel des Nations-Unies, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, soucieux de témoigner sa « solidarité » avec une population empêtrée dans un « cycle tragique » de violences, de misère et de catastrophes sanitaires, avait appelé au déploiement d'une force internationale commune qui permettrait d'aider la police locale à lutter contre les gangs. Mais, bien qu'en répondant favorablement à l'initiative du Secrétaire général de l'ONU, le Kenya ait officiellement fait part, la semaine dernière, de son entière disposition à prendre la tête d'une force multinationale à Haïti et à déployer 1.000 policiers « pour aider la police haïtienne à rétablir la normalité dans le pays et à protéger les installations stratégiques », la proposition kényane reste, néanmoins, subordonnée à l'aval du Conseil de Sécurité de l'ONU. Les Etats-Unis et l'Equateur ayant immédiatement annoncé leur intention d'introduire conjointement et « dans un proche avenir », une résolution en ce sens auprès du Conseil de Sécurité, Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat, a tenu à préciser que le gouvernement américain est « résolu à trouver les ressources pour soutenir cette force multinationale » mais qu'il est « encore trop tôt » pour donner de plus amples informations sur la nature de cette aide – financière ou matérielle – et sur les pays qui seraient prêts à y contribuer. Considérant que le Kenya compte envoyer, dans les prochains jours, à Haïti, une mission à l'effet de jauger les conditions de déploiement des forces de police et que les Etats-Unis ont pris, à partir de la semaine dernière, la présidence mensuelle du Conseil de Sécurité, attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI