Les cas de malnutrition aiguë, notamment chez les enfants, augmentent dans le sud du Yémen, ont alerté mardi trois agences des Nations Unies. Plus d'un demi-million de cas de malnutrition aiguë ont été recensés dans les districts du sud du pays, selon la dernière analyse de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) publiée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et leurs partenaires. L'analyse – qui porte uniquement sur 133 districts du sud du Yémen qui abritent 1,4 million d'enfants de moins de cinq ans – révèle une augmentation de près de 10% des cas de malnutrition aiguë en 2020. La plus forte augmentation concerne les cas de jeunes enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avec une augmentation de 15,5% en 2020. « Les données que nous publions aujourd'hui confirment que la malnutrition aiguë chez les enfants atteint les niveaux les plus élevés que nous ayons vus depuis le début de la guerre », a déclaré Lise Grande, Coordonnatrice humanitaire au Yémen. Au moins 98 000 enfants de moins de cinq ans courent un haut risque de mourir en l'absence de traitement urgent pour la malnutrition aiguë sévère. L'ONU avertit depuis juillet que le Yémen est au bord d'une crise catastrophique de la sécurité alimentaire. « Le cercle vicieux du conflit et de la faim au Yémen fait des ravages terribles pour ceux qui sont déjà les plus vulnérables », a déclaré Laurent Bukera, Directeur du PAM au Yémen. « Si la guerre ne prend pas fin maintenant, nous approchons d'une situation irréversible et risquons de perdre toute une génération de jeunes enfants au Yémen », a prévenu Mme Grande. Au moins un quart de million de femmes enceintes ou qui allaitent ont également besoin d'un traitement contre la malnutrition. Les experts de l'ONU préviennent que le nombre réel est probablement plus élevé, car les facteurs de malnutrition au Yémen se sont aggravés en 2020. « La vie de milliers d'enfants et de femmes est en jeu. La malnutrition aiguë peut être traitée et prévenue avec un ensemble de services clés, mais pour cela, nous avons besoin d'une action et d'un soutien urgents », a déclaré Philippe Duamelle, Représentant de l'UNICEF au Yémen. L'escalade des conflits et du déclin économique, ainsi que l'impact écrasant de la pandémie de Covid-19, ont poussé une population déjà épuisée au bord du gouffre. De plus, de nombreux projets d'aide, notamment l'aide alimentaire d'urgence et les services d'eau, d'assainissement et d'hygiène ont été perturbés par des déficits de financement. Les programmes de traitement de la malnutrition sont également menacés si des fonds supplémentaires ne sont pas reçus rapidement. Ces facteurs s'ajoutent à ceux qui ont historiquement fait du Yémen l'un des endroits les plus difficiles pour être un enfant ou une mère : une alimentation insuffisante et de mauvaise qualité; une forte prévalence des maladies transmissibles; des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, un accès limité aux services de nutrition et de santé; un mauvais assainissement et une mauvaise hygiène; et l'incapacité de nombreux enfants à accéder à des vaccins importants, comme la rougeole et la polio.