La Palestine a décidé lundi de rompre tout contact et de cesser les réunions et la coordination de sécurité avec le gouvernement israélien en signe de protestation contre les raids brutaux de l'Etat hébreu en Cisjordanie qui ont tué neuf Palestiniens et en ont blessé 80 autres. Cette décision a été prise lors d'une réunion d'urgence de la direction palestinienne, dirigée par le président Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie, selon un communiqué officiel. Au cours de cette réunion, Abbas a appelé les Palestiniens à « rester fermes et résolus, à s'unir et à défendre les terres et les lieux saints », a rapporté l'agence de presse officielle palestinienne WAFA. Le dirigeant palestinien « renouvelle son appel à la communauté internationale à protéger le peuple palestinien en Cisjordanie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza », ajoute ce reportage. Selon ce communiqué officiel, la direction a décidé de faire appel immédiatement aux Nations unies pour demander la mise en œuvre de la Résolution 2334 du Conseil de sécurité et des autres résolutions protégeant les Palestiniens. Lundi, l'armée israélienne, soutenue par des véhicules blindés, des bulldozers, des drones et des hélicoptères, a lancé une attaque militaire à grande échelle contre la ville de Jénine dans le nord de la Cisjordanie, et les camps de réfugiés qui s'y trouvent. Au moins neuf Palestiniens ont été tués et 80 autres blessés dans ce raid, selon les derniers chiffres en date publiés par le ministère palestinien de la Santé. Il est à souligner que l'agression des forces d'occupation a provoqué l'exode d'environ 3.000 habitants du camp, où vivent quelque 18.000 Palestiniens, selon le gouverneur adjoint de Jénine, Kamal Abou al-Roub. « Il y a des bombardements aériens et une invasion au sol », raconte Mahmoud al-Saadi, directeur du Croissant-Rouge palestinien à Jénine. Des maisons sont « bombardées » et « de la fumée s'élève de partout. » « J'ai vu les bulldozers dans le camp qui ont détruit des maisons », a déclaré à Badr Shagoul, un habitant. « Nous avons reçu beaucoup de blessés », notamment « par balles », affirme Qasem Benighader, infirmier de 35 ans à l'hôpital de Jénine: « C'est le pire raid depuis cinq ans. » Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, qui administre Jénine, ont annoncé une grève générale. En juin, sept personnes avaient été tuées lors d'un raid israélien contre le camp de Jénine. Peu après, quatre Israéliens avaient été abattus par deux Palestiniens près de la colonie juive d'Eli (nord). Sur le front diplomatique, la Ligue arabe a annoncé une réunion d'urgence mardi. La Jordanie et les Emirats arabes unis, pays arabes entretenant des liens diplomatiques avec Israël, ont dénoncé l'opération. Washington a pour sa part dit soutenir « la sécurité d'Israël et son droit à défendre sa population ». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé sa « profonde inquiétude ».